« Nous avons un gros chantier devant nous pour mieux orienter les jeunes et revaloriser les métiers manuels, artisanaux ou industriels en lien avec les organisations professionnelles »(Emmanuel Macron avec des étudiants de l’EATP à Egletons, le 4 octobre). / POOL / REUTERS

Ainsi va la France. Un propos sans doute maladroit du président de la République à Egletons, en Nouvelle-Aquitaine, sur ces chômeurs de GM & S qui ne vont pas chercher à la Fonderie d’Ussel (à deux heures de route) l’emploi là où il est. Et elle s’embrase.

Sur ces questions de l’emploi, du chômage et de la formation, notre pays est une nouvelle fois prompt à se déchirer, gouvernement contre syndicats, peuple contre élite, dogme contre dogme, Paris contre territoires. A l’ancienne ! Il faudrait, nous dit-on, aider les chefs d’entreprise à licencier pour créer de l’emploi ! Etrange discours. Curieuse stratégie.

Agir plutôt que gémir

Aidez-nous à recruter nous disent au contraire, tous les jours, ces patrons de PME et d’entreprises de taille intermédiaire dans la vraie vie, loin des médias. Un comble, quand on frôle les 10 % de chômeurs. Comment faciliter l’installation du conjoint quand vous trouvez un job à la Forêt-du-Temple (Creuse) ou à La Roche-Chalais (Dordogne) ?

Aidez-nous à trouver des menuisiers industriels, des compagnons fondeurs ou des chaudronniers, insistent ces patrons qui ont aujourd’hui des CDI à pourvoir à la pelle à Bordeaux, La Roche-Chalais ou Bressuire. Il faut donc agir plutôt que gémir. Les questions de logement, de transport, de déroulé de carrière dans les services ou de conditions de travail dans l’industrie sont autant de sujets à traiter pour aider au retour à l’emploi et à la relation au travail.

Nous y sommes parvenus à hauteur de 40 % en Nouvelle-Aquitaine dans le plan de formation des chômeurs voulu par le précédent gouvernement et même au-delà de 60 % pour les formations qualifiantes. Les bons chiffres de la création d’emploi du moment sont aussi les nôtres. On peut mieux faire. L’Autriche forme quatre chômeurs sur dix, l’Allemagne, deux sur dix, la France moitié moins.

Cassons les images de l’usine d’hier !

Mais la relation au travail a changé. Nous avons un gros chantier devant nous pour mieux orienter les jeunes et revaloriser les métiers manuels, artisanaux ou industriels en lien avec les organisations professionnelles. Nous en étions fiers hier. Nos jeunes les fuient aujourd’hui. Et on ne sait pas bien leur parler de ces métiers d’avenir dans l’optique, la santé ou la mécanique.

Cassons ces images de l’usine d’hier pour mieux les recruter aujourd’hui dans l’usine du futur où les atouts maîtres de la compétitivité sont la qualité du travail, l’épanouissement, la responsabilisation et la bonne gestion des ressources humaines. Agissons encore et toujours sur la pénibilité du travail en recul, certes, mais qui demeure. La responsabilité de la génération aux commandes est de rénover logiciels et discours. Plutôt que d’opposer entrepreneurs et salariés. Nous savons le faire dans nos régions.

Réorganisons l’orientation

Que l’on nous donne la possibilité de faire plus et mieux sur le front de l’emploi et de la formation dans le cadre de la réforme en cours. Nous équipons les lycées professionnels qui ont fait leur révolution. Réorganisons l’orientation qui est le sujet central de la décennie. Les entreprises doivent être mieux accompagnées dans leurs investissements comme en Allemagne.

Qui est mieux placé que les régions pour aider les entreprises à recruter en lien avec les organisations professionnelles à proximité des besoins ? Donnez-nous le pilotage du service public de l’emploi émietté aujourd’hui. Accordez-nous la pleine responsabilité de l’orientation y compris avec l’Education Nationale. Nous saurons former les jeunes et les moins jeunes aux métiers en tension. Au plus proche des besoins sur les territoires.

Plutôt que de nous couper les crédits dédiés aux TPE, PME et ETI, ou de stigmatiser les chômeurs, laissez-nous faire Monsieur le Président. En confiance.