L’essentiel

  • Wolfgang Schäuble (CDU) a été élu mardi 24 octobre président du Bundestag. L’ex-ministre des finances âgé de 75 ans a obtenu 501 voix en sa faveur, 173 députés ont voté contre et 30 autres se sont abstenus.
  • Le Bundestag attend la formation d’un nouveau gouvernement autour d’Angela Merkel. De difficiles tractations ont débuté entre les conservateurs de la chancelière, les libéraux du FDP et les Verts. Elles devraient durer jusqu’à la fin de cette année, voir se prolonger en 2018.
  • A l’issue des élections fédérales du 24 septembre, le parti anti-immigration Alternative pour l’Allemagne (AfD pour Alternative für Deutschland) est devenu la troisième force politique d’Allemagne en surfant sur le mécontentement des électeurs face à l’arrivée de plus d’un million de demandeurs d’asile.
92

A l’issue des élections législatives du 24 septembre, l’AfD avait 94 élus, mais deux d’entre eux ont quitté le parti depuis, dont la vice-présidente, Frauke Petry, et le député Mario Mieruch, en dénonçant sa dérive droitière.

La citation

« Depuis 1848, la tradition veut que la séance inaugurale soit ouverte par le député le plus âgé. Il n’y a eu qu’une exception. En 1933, quand le dignitaire nazi Hermann Göring, alors président du Reichstag a brisé cette règle parce qu’il voulait écarter des opposants politiques ».

Bernd Baumann, l’un des élus de l’AfD a provoqué une controverse en se disant ostracisé par les autres partis et en allant jusqu’à se comparer aux victimes des méthodes nazies. Concrètement, M. Baumann a dénoncé « les manoeuvres » visant à empêcher qu’un député AfD ne prononce le discours d’ouverture au Bundestag. Cette tâche aurait dû revenir au doyen de l’assemblée, le député d’extrême droite Wolfgang von Gottfried, 77 ans.

Mais l’homme a qualifié l’Holocauste de « mythe » et afin de lui barrer la route, le Bundestag a changé ses règles : désormais le doyen n’est plus le député le plus âgé, mais celui élu depuis le plus longtemps. C’est finalement un élu libéral de 76 ans, Hermann-Otto Solms, qui s’est exprimé.

Le Parlement attend la formation du gouvernement

La percée de l’AfD a été permise par l’effondrement des deux grands partis traditionnels. La
CDU (droite) et le SPD (gauche) ne totalisent à eux deux que 399 sièges au Bundestag, soit 56 % du Parlement. Il faut remonter à 1949, où ils ne détenaient que 67 % des sièges (avec 277 députés sur 410), pour retrouver un aussi faible score.

En tant que groupe parlementaire, l’AfD a droit à avoir un vice-président. Mais les autres partis s’opposent à son candidat, Albrecht Glaser, qui avait qualifié l’islam « d’idéologie » non couverte par la liberté de religion garantie par la Constitution. L’un des deux chefs de file du parti au Bundestag, Alexander Gauland, a promis d’y « mener la chasse » à Angela Merkel.

La photo du jour

La chef de l’AfD, Alice Weidel, au centre, embrasse le député du même parti Kay Gottschalk, pour la session inaugurale du Bundestag. / ODD ANDERSEN / AFP

L’irruption de l’extrême droite annonce un changement dans la vie politique allemande, habituée depuis des décennies à des échanges policés entre partis ayant tous gouvernés ensemble dans des coalitions rendues nécessaires par le mode de scrutin proportionnel.