Steve Jobs et le président Bill Clinton, à la Maison Blanche, en octobre 1997. / Clinton Presidential Librairy

Le blog technologique Gizmodo a eu la curiosité de fouiller les archives de la présidence Clinton à la recherche de liens avec Steve Jobs. Le site a ainsi pu exhumer plusieurs photographies de dîners publics à la Maison Blanche auxquels l’entrepreneur a assisté, ainsi que des images d’une visite à Camp David, la résidence de vacances de la présidence américaine, pour une projection privée d’un film de Pixar – le cofondateur d’Apple était aussi propriétaire et PDG de ce studio d’animation, racheté en 2006 par Disney.

Gizmodo rappelle également que Bill Clinton aurait logé dans une maison appartenant à Steve Jobs, en Californie, lorsqu’il venait rendre visite à sa fille Chelsea, étudiante à l’université de Stanford.

Le document le plus savoureux de cette enquête est une lettre de félicitations, envoyée par Steve Jobs après la réélection de Bill Clinton, en 1996. L’homme d’affaires y glisse deux noms de ministres potentiels au président des Etats-Unis. Des « suggestions un peu folles », comme il l’avoue lui-même. M. Jobs recommande au poste de ministre de la défense un PDG inexpérimenté dans les questions militaires : Andy Grove, le patron d’Intel, géant américain des semi-conducteurs.

Le courrier de novembre 1996 dans lequel M. Jobs recommande deux ministres potentiels au président, et la réponse de Bill Clinton, en décembre. / Clinton Presidential Librairy, via Gizmodo.

« Andy est au cœur de la révolution de l’information qui explose en ce moment. Il pourrait apporter beaucoup de points de vue personnels à la stratégie de défense, et à l’usage qu’elle fait des technologies de l’information (commandement et contrôle, renseignement…). Il pourrait faire office d’arme secrète pour changer nos points de vue et réfléchir à la défense, au moment où notre nation fait face à de nouveaux rôles mondiaux et limitations fiscales. Au cours de ma vie, je n’ai jamais rencontré de meilleur manager (pas même Dave Packard [Hewlett-Packard] et Bob Noyce [Texas Instrument]). Andy n’a pas d’expérience publique, mais c’est une des personnes capable d’apprendre le plus rapidement (…) que je connaisse. »

Le président à déjà fait ses choix

Tout aussi étonnant, Steve Jobs recommande Dean Ornish au poste de ministre de la santé. Ce médecin américain passé par Harvard, auteur de plusieurs livres sur la nutrition, est un personnage influent, mais qui ne fait pas consensus dans sa profession.

Steve Jobs pointe par ailleurs dans son courrier un petit souci qui pourrait gêner cette nomination : « Oui, Dean a inhalé » dans sa jeunesse. Jobs fait ici référence à la fameuse réponse de Bill Clinton, en 1992, à la question d’un journaliste : « Avez-vous déjà fumé de la marijuana ? » Question à laquelle M. Clinton avait répondu par l’affirmative, tout en précisant qu’il n’avait « pas inhalé ».

Une curieuse lettre de recommandation, à laquelle le président américain répond par un message patient, poli, et court – il dit avoir déjà fait ses choix, même s’il a « un grand respect pour Dean Ornish ». Le médecin, toutefois, a intégré en 1993 le cercle des conseillers médicaux du président. Et en 2010, suite à son quadruple pontage coronarien, M. Clinton adoptera un régime alimentaire conçu par M. Ornish.

Au fil des années, MM. Jobs et Clinton sont devenus suffisamment proches pour qu’en 2000, l’ex-président envoie au PDG une grille de mots croisés du New York Times, avec une petite lettre de félicitations. Le prénom de la ligne 94, soulignée par M. Clinton, est celui d’un pionnier de l’informatique : Steve.

La grille de mots croisés du « New Yor Times », dans laquelle figure le prénom de M. Jobs. / Clinton Presidential Librairy, via Gizmodo.