Dans un restaurant à Pékin, en septembre. / GREG BAKER / AFP

Les expatriés en Chine ont poussé un soupir de soulagement ce week-end : l’interdiction d’importer des fromages à pâte molle, comme le brie, le camembert, ou les bleus, a été levée, samedi 21 octobre, par la Chine. Une victoire pour la diplomatie européenne, sur le pied de guerre depuis que ces fromages étaient bloqués dans les principaux ports de Chine. En cause, les bactéries utilisées dans ces produits laitiers, considérées comme dangereuses par les autorités sanitaires chinoises. Mais, au moment de l’interdiction, début septembre, c’était surtout l’incompréhension qui primait parmi les acteurs de la filière.

Sans explication de la part des autorités chinoises, les spéculations allaient bon train. L’interdiction soudaine pouvait en effet rappeler d’amères batailles commerciales, comme en 2013, lorsque la Chine avait répondu à des taxes antidumping sur les panneaux solaires chinois en menaçant les importations de vin de l’Union européenne. Mais la résolution rapide du cas des fromages tend à prouver que, cette fois, il n’en était rien. « A mon avis, c’était simplement un problème technique », estime Jérôme Lepeintre, ministre-conseiller de la délégation de l’Union européenne en Chine, responsable des questions de santé et de sécurité sanitaire des aliments.

Les ventes de fromages devraient augmenter de 26 %

En fait, la Chine n’est pas équipée légalement pour l’importation des fromages européens. « La réglementation chinoise a une liste positive des cultures autorisées, pour les yaourts et autres, les fromages n’étant pas consommés couramment en Chine. C’est une liste (...) de 38 cultures, donc en théorie toute [bactérie] qui n’est pas dans cette liste est interdite, explique M. Lepeintre. Une note précise que la Chine tolère les [ferments] utilisés par les produits traditionnels, mais elle ne s’applique pas aux produits importés. »

Pour tenter de convaincre les autorités, la Commission européenne a envoyé ses experts de la sécurité sanitaire des aliments et du commerce en Chine, du 9 au 13 octobre. Après plusieurs réunions bilatérales, les responsables chinois ont admis que ces bactéries n’étaient pas néfastes pour la santé, et l’ordre a été donné aux autorités portuaires de lever les restrictions. Mais, pour éviter qu’un tel accroc ne se reproduise, il faut maintenant convaincre la Chine de mettre à jour ses normes. La délégation européenne à Pékin prévoit d’organiser, avec l’ambassade de France, un séminaire destiné aux autorités chinoises en décembre, pour y contribuer.

En 2017, les ventes de fromages devraient augmenter de 26 % en Chine, à 5,3 milliards de yuans (680 millions d’euros), selon le cabinet Euromonitor. Plus de 90 % de ces ventes concernent des produits importés, la plupart en provenance de Nouvelle-Zélande et d’Australie. En 2016, le camembert et le brie assuraient à eux deux 15 % des ventes de fromages en Chine.