La croissance de ces derniers mois en France permet un meilleur climat pour l’emploi, selon les derniers chiffres. / PHILIPPE HUGUEN / AFP

Sa dette est toujours abyssale, son déficit considéré comme préoccupant. Si bien qu’Emmanuel Macron avait, pendant sa campagne, parlé de purement et simplement nationaliser l’Unedic, l’organisme codirigé par les partenaires sociaux et en charge de la gestion de l’assurance-chômage. Pourtant, c’est une situation financière en voie d’amélioration qu’a présentée le bureau de l’Unedic, mercredi 25 octobre.

Selon ses prévisions, le déficit de l’assurance-chômage devrait s’arrêter à 3,8 milliards d’euros pour 2017, contre 4,3 en 2016. Soit une amélioration de 500 millions d’euros. L’embellie devrait se poursuivre au même rythme l’année prochaine : le déficit devrait, selon l’institution, tomber à 3,3 milliards d’euros. La dette, elle, devrait atteindre 37,1 milliards d’euros cette même année.

Si les chiffres sont bons, ils sont tout de même moins reluisants que ce qui était escompté. En juin, l’organisme avait en effet anticipé une baisse bien plus importante de son déficit pour 2017 et 2018, le voyant se stabiliser autour de 2, 9 à 3,6 milliards d’euros.

Meilleur climat pour l’emploi

En tout état de cause, si la situation s’améliore tout de même doucement, c’est d’abord, explique l’Unedic, grâce à une conjoncture favorable. Longtemps à l’arrêt, la machine économique française a redémarré le moteur en 2017 : ainsi, selon la dernière note de conjoncture de l’Insee, l’économie tricolore devrait croître de 1,8 % cette année contre 1,1 en 2016. « Pour 2018, le consensus des économistes d’octobre prévoit une croissance de +1,7 % », écrit l’Unedic dans sa synthèse.

L’un n’allant pas sans l’autre, la croissance a favorisé un meilleur climat de l’emploi : les entreprises voyant leurs carnets de commandes se remplir un peu plus ont embauché, augmentant d’autant les recettes de l’assurance-chômage. Et ce en dépit de l’augmentation de 77 000 du nombre de demandeurs d’emplois de catégorie A de janvier à août 2017. La fin du plan « 500 000 formations » et de la prime à l’embauche ainsi que le coup de frein donné aux contrats aidés par le gouvernement d’Emmanuel Macron, ont, selon l’Unedic, favorisé ce revers de fortune. « En prévision pour la fin d’année 2017 et pour 2018, l’effectif de personnes en catégorie A se stabiliserait, comme le chômage au sens du BIT », écrit d’ailleurs l’organisme.

Ce dernier qui a atteint 9,5 % dans l’Hexagone cette année devrait demeurer stable en 2018. L’amélioration financière de l’assurance-chômage pour 2018 s’explique, en outre, par l’entrée en vigueur de la convention d’assurance-chômage signée en mars de cette année. Sans ses effets, la dette aurait été supérieure de 600 millions à ce qu’anticipe finalement l’Unedic.

Le spectre de la nationalisation s’éloigne-t-il pour autant ? C’est ce que veulent croire certains partenaires sociaux, qui entrevoient la possibilité d’une solution où l’Etat jouerait un rôle plus important sans pour autant les déposséder de l’assurance-chômage. « J’ai trouvé le président bien moins offensif sur cette question qu’au tout début de son mandat », confiait récemment au Monde le patron d’un grand syndicat. Reste à savoir si les discussions concernant la réforme de l’assurance-chômage, et de sa gouvernance, vont lui donner raison.