Twitter a annoncé ce 24 octobre la création d’un « centre de transparence » consacré aux publicités affichées sur son réseau social, ainsi que d’autres mesures visant à mieux identifier les publicités politiques. Dans un message publié sur son blog, l’entreprise explique qu’il sera désormais possible de voir l’ensemble des publicités actuellement diffusées sur le réseau, qu’elles visent spécifiquement l’utilisateur connecté ou qu’elles soient diffusées de manière plus large. Les publicités politiques seront également signalées par une couleur différente – le violet.

L’annonce n’a pas été faite par hasard : depuis plusieurs mois, une commission parlementaire américaine se penche sur la manière dont les réseaux sociaux ont pu être utilisés par la campagne d’influence russe durant les élections présidentielles de 2016. Facebook a révélé en septembre avoir identifié plusieurs milliers de publicités payées par une agence proche du Kremlin, et visant à promouvoir des articles sur des sujets de société clivants. Des représentants de Facebook, Twitter et Google doivent être auditionnés par la commission d’enquête ce 1er novembre.

Aux Etats-Unis, contrairement à la France, la publicité politique est légale, et relativement peu encadrée. Et elle l’est encore moins sur les réseaux sociaux qu’à la télévision. Contrairement aux campagnes télévisées, qui doivent mentionner par qui elles sont financées, les publicités politiques en ligne n’ont pas l’obligation de mentionner qui les a payées. Un problème d’autant plus important, notent les spécialistes de la politique américaine, que les publicités ciblées sur les réseaux sociaux peuvent être invisibles pour les observateurs et commissions de contrôle : une campagne qui ne vise que les habitants d’un Etat sera totalement invisible pour les utilisateurs habitant ailleurs dans le pays.

Projet de loi au Congrès américain

Un projet de loi a été déposé au Congrès américain pour contraindre les sites et réseaux sociaux ayant plus de 50 millions de visiteurs uniques à mettre en place des listes publiques de publicités politiques diffusées. Jusqu’à présent, les réseaux sociaux s’étaient toujours opposés aux projets de loi demandant d’appliquer les mêmes exigences de transparence aux publicités en ligne qu’aux publicités télévisées, même si Facebook a, lui aussi, annoncé en octobre de nouvelles mesures de transparence.

Les annonces de Twitter constituent un « pas dans la bonne direction », a estimé le député républicain Adam Schiff, qui fait partie de la commission d’enquête parlementaire. Mais elles ne « sont pas une solution au déploiement de comptes automatiques qui diffusent des contenus faux ou trompeurs, ni aux efforts des trolls pour promouvoir des messages clivants » – deux autres sujets qui seront évoqués par la commission d’enquête parlementaire le 1er novembre.