L’essentiel

  • Quelque 19,8 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes au Kenya, jeudi 26 octobre, pour une nouvelle élection présidentielle, après l’invalidation de la réélection du président Uhuru Kenyatta, début août.
  • Raila Odinga, le principal opposant, déjà trois fois candidat malheureux à la présidence (1997, 2007, 2013), avait décidé de ne pas participer à ce scrutin.
  • L’élection s’est déroulée dans un climat de confusion et de violence : au moins trois hommes ont été tués par balle en marge du scrutin.

La citation

« Ne participez en aucun cas à cette parodie d’élection, convainquez vos amis et vos voisins de ne pas participer. »

Raila Odinga avait appelé ses partisans à ne pas aller voter. Il s’est retiré de la course le 10 octobre, jugeant que les réformes susceptibles de garantir la tenue d’un scrutin libre et équitable n’avaient pas été menées à bien.

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C’est le nombre de comtés, dans l’ouest du pays (Homa Bay, Kisumu, Migori et Siaya), dans lesquels l’élection présidentielle a été reportée à samedi. Ces comtés sont des bastions de l’opposition majoritairement peuplés par l’ethnie luo – celle de Raila Odinga qui boycottait le scrutin. Les mêmes difficultés risquent toutefois de se répéter samedi. Le ministre de l’intérieur, Fred Matiang’i, a déclaré que les bureaux de vote étaient ouverts dans plus de 90 % du pays. Boycotté par l’opposition, le scrutin a également été en partie boudé par les observateurs internationaux : l’Union européenne et la Fondation Carter, citant des raisons de sécurité, ont réduit la taille de leur mission.

L’image du jour

Tous les supporteurs de M. Odinga n’ont pas suivi son appel à la retenue. A Kisumu, par exemple, les manifestants ont érigé très tôt des barricades, où ils ont fait brûler des pneus. En fin d’après-midi, la ville et ses alentours étaient quadrillés de dizaines de barrages. Dans le bidonville de Kibera, à Nairobi, la police est intervenue à coup de gaz lacrymogènes et a tiré en l’air pour disperser des manifestants qui essayaient d’empêcher l’accès à plusieurs bureaux de vote, a constaté un photographe de l’Agence France-Presse. Des scènes similaires ont eu lieu dans un autre bidonville de Nairobi, Mathare.

La suite

Le président sortant, Uhuru Kenyatta, est certain de l’emporter, face à six candidats mineurs. Mais son élection sera vue comme illégitime par une large portion des électeurs. Le Kenya redoute une répétition des violences post-électorales de 2007, quand des affrontements entre partisans de Mwai Kibaki, président sortant proclamé vainqueur, et de Raila Odinga avaient fait 1 200 morts.