Les rachats de dette publique et privée vont être réduits à 30 milliards d’euros mensuels entre janvier et septembre 2018. / DANIEL ROLAND / AFP

La Banque centrale européenne (BCE) a engagé, jeudi 26 octobre, un virage monétaire en décidant de la réduction de son imposant programme anti-crise en zone euro, tout en laissant comme prévu ses taux inchangés.

Les rachats de dette publique et privée effectués au rythme de 60 milliards d’euros par mois, vont être réduits à 30 milliards d’euros mensuels entre janvier et septembre 2018, a annoncé l’institution. C’est le scénario qui était attendu par une majorité d’observateurs.

La BCE réaffirme en revanche se ménager la possibilité d’augmenter à nouveau ce montant si les perspectives devaient s’assombrir en zone euro, et n’engagera de remontée de ses taux d’intérêt que « bien après » la fin des rachats d’actifs. Fin 2017, l’institut monétaire aura racheté pour près de 2 280 milliards d’euros d’obligations souveraines (d’Etat) et privées.

Quant aux taux directeurs, ils n’ont pas évolué : le principal taux de refinancement des banques a été maintenu à zéro, tandis que les banques vont devoir continuer à payer pour déposer auprès de la BCE des liquidités dont elles n’ont pas d’utilité immédiate (taux de dépôt à − 0,40 %).

« Confiance croissante »

Ces annonces ont fait légèrement reculer l’euro, qui s’échangeait à 1,176 0 dollar juste après le communiqué de la BCE, tandis que la Bourse de Francfort a accentué sa hausse, l’indice DAX gagnant 0,53 % après une matinée hésitante.

Lors d’une conférence de presse, jeudi après-midi, le président de la BCE, Mario Draghi, a déclaré que la banque centrale va conserver « un niveau élevé » de soutien à l’économie. « Un degré élevé de stimulation monétaire demeure indispensable », a-t-il prévenu, dans une formule qui reflète la « confiance croissante » de l’institution dans les perspectives de croissance et d’inflation.

L’institut d’émission n’a cessé à ce jour de souligner que le programme de rachats de dette, baptisé « QE » (quantitative easing), soutient l’offre de crédit des banques et stimule par ricochet à la fois la croissance et l’inflation.

Risque de déflation écarté

Ce « QE » a fait baisser les taux auxquels les Etats empruntent, ce qui a soulagé ceux d’entre eux qui ont des finances publiques fragiles. Les rachats massifs d’obligations souveraines ont aussi poussé les investisseurs à se tourner vers les emprunts d’entreprises moyennes, ce qui a contribué à la reprise de l’investissement et à la croissance.

Comme l’économie en zone euro enchaîne des statistiques encourageantes (la croissance devrait dépasser 2 % cette année en zone euro) et que le risque de déflation a été écarté, cela rend moins impérieux l’emploi d’un lourd arsenal monétaire.

La BCE reste cependant loin de crier victoire sur le terrain de l’inflation : l’évolution des prix lreste encore éloignée du niveau cible, « proche mais inférieur » à 2 % en glissement annuel. L’inflation s’est élevée à 1,5 % sur un an en septembre, comme en août, et elle est appelée à se tasser au creux de l’hiver en raison d’effets de base sur les prix de l’énergie.