« Un mois après la rentrée, quatre-vingts étudiants étaient toujours sans inscription » à l’université Toulouse-Jean-Jaurès, explique Guilhem Arnould, membre de l’Union des étudiants de Toulouse (UET). Ce syndicat a commencé, mardi 24 octobre, l’occupation du bâtiment de la présidence de l’université, qui se poursuivait jeudi, dans l’attente d’une solution pour l’ensemble des étudiants concernés.

Une première concertation a permis l’inscription en licence d’une quarantaine d’étudiants qui n’avaient pas obtenu de place. Les quarante autres, déjà titulaires d’une licence, ont été confrontés à la loi sur la sélection à l’entrée en master, qui s’appliquait pour la première fois cette année.

« La présidence s’est engagée à réexaminer le dossier de cinq candidats et à interpeller les composantes concernées, explique Robin Cantaloube, membre de l’UET. 

Des étudiants craignent l’expulsion de France

Aucun terrain d’entente n’a encore été trouvé pour vingt-trois diplômés de licence refusés à l’entrée du master innovation, entreprise, société (INES). « Quand j’ai été refusée dans le master INES, j’ai fait d’autres demandes à Dunkerque, en Lorraine, aucune n’a marché, déplore Chaimaa Chlaikhy. Quels choix ai-je maintenant ? Je ne veux pas faire un master par défaut, dans un autre cursus… On veut seulement étudier ! » Comme cette étudiante marocaine, la plupart des étudiants concernés sont étrangers, et, faute d’inscription universitaire, craignent l’expulsion de France.

« C’est un cas assez spécifique, de nombreux étudiants étrangers sont arrivés en troisième année de licence, et ont gonflé les rangs, or, il n’y avait pas assez de places pour tous en master, explique le président de l’université, Daniel Lacroix. Cette loi sur la sélection renferme de nombreuses contradictions : quel droit prévaut, celui de l’université à fixer la sélection ou celui de l’étudiant à poursuivre ses études ? »

La nouvelle loi prévoit un droit à la poursuite d’études, permettant aux étudiants refusés dans les masters où ils avaient candidaté d’effectuer un recours devant le recteur, qui doit alors leur faire trois propositions d’admission. Selon les derniers chiffres rendus publics, 2 257 étudiants au niveau national avaient saisi les rectorats à la fin de septembre. Des chiffres qui ne prennent pas en compte les étudiants ne remplissant pas les conditions requises pour effectuer ces recours. A Toulouse-Jean-Jaurès, plusieurs étudiants seraient dans ce cas, selon l’UET.

« A cause de cette situation, mon projet tombe à l’eau »

« J’ai fait un recours en bonne et due forme, mais je n’ai eu aucun retour du rectorat », explique pour sa part Alpha Boubacar, étudiant guinéen, recalé à l’entrée du master INES. L’étudiant, dont le titre de séjour expire le 7 décembre, pense peut-être postuler dans une licence de comptabilité.

L’université a proposé jeudi aux étudiants recalés à l’entrée du master INES d’effectuer une année de césure afin de vérifier leur projet et « faire un bilan ». Lors de cette année, ils pourraient conserver leur statut d’étudiant, et donc rester en France en toute légalité. Mais les personnes concernées ont refusé. « Je ne veux pas perdre un an, je suis venu en France pour obtenir un diplôme supplémentaire pour exercer mon métier de comptable, mais à cause de cette situation, mon projet tombe à l’eau », explique Alpha Boubacar.

Pour Hervé Petit, membre du Snesup-FSU (syndicat national de l’enseignement supérieur), malgré des avancées, la situation est « déplorable pour certains étudiants » : « On est aujourd’hui un mois après la rentrée, et certains étudiants ne savent toujours pas ce qui va se passer pour eux. Il y a une volonté de dialogue de la part de la présidence, et des solutions ont été trouvées, mais cette situation montre bien l’absurde de cette loi ! »