Le ministre du travail Robert Boulin au "Club de la presse" d'Europe 1, le 19 octobre 1979 à Paris, retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet, dans 50 cm d'eau, le 30 octobre 1979. / BINH / AFP

Replay. Deux énigmes historiques, deux scandales d’Etat se sont croisés, jeudi, sur nos écrans. Comme des âmes errantes, comme un passé qui ne passe pas, les affaires Kennedy et Boulin ont surgi, avec leur zone de mystère, leur cortège d’ombres et de non-dits.

L’administration américaine a décidé, jeudi 26 octobre, de rendre publics près de 3 000 documents concernant l’assassinat de John F. Kennedy (JFK), le 22 novembre 1963, à Dallas (Texas). « La publication des dossiers JFK c’est pour demain. Tellement intéressant ! », a tweeté Donald Trump, jugeant habile d’attiser la curiosité de ses concitoyens. « Il a forcément vu ces documents, pour qu’il les trouve intéressants », réagit un américain, sur BFM.

Par cette opération de communication, le président des Etats-Unis peut espérer passer pour celui qui permet à la vérité d’émerger, alors que les « fakes news » et les théories du complot ne se sont jamais aussi bien portées aux États-Unis. Sur Francetv info, un journaliste énumère, quant à lui, les neuf théories qui circulent sur l’assassinat de JFK, des plus sérieuses – « l’ombre de l’extrême droite, la main de la mafia, etc. » , aux plus farfelues – « la trace des extraterrestres ».

Reste que parmi les commentaires des experts du dossier, le scepticisme est de mise sur l’intérêt de ces révélations. « Les Etats-Unis n’ont jamais voulu regarder la vérité en face », a estimé de son côté l’écrivain Marc Dugain qui, dans son roman Ils vont tuer Robert Kennedy (Gallimard) bouscule les thèses officielles sur l’assassinat des Kennedy.

Cliques chiraquiennes et giscardiennes

L’enquête menée par le journaliste Benoît Collombat « Affaire Boulin : révélations sur un crime d’Etat » et diffusée jeudi soir, sur France 2, possède la force de l’évidence. Elle s’efforce de démontrer comment et pourquoi Robert Boulin a été assassiné en 1979, à défaut de dire par qui.

Méthodique, minutieuse, implacable, elle donne même le nom de la personne avec qui Robert Boulin aurait passé sa dernière soirée, avant d’être retrouvé mort au bord d’un lac dans les Yvelines : René Journiac, le Monsieur Afrique de Valéry Giscard d’Estaing, qui possédait une maison non loin du lieu du crime.

Ministre gaulliste d’un président qui ne l’était pas, Robert Boulin serait mort victime des rivalités et des règlements de compte entre cliques chiraquiennes et cliques giscardiennes, sur fond de financement des deux écuries présidentielles par l’argent sale de la « France Afrique » et des grandes entreprises du pétrole, de l’aviation et du nucléaire.

Un travail d’orfèvre soigneusement ouvragé. « il serait temps que la France se regarde dans les yeux », conclut le reportage. On est soudain saisi par la gémellité des propos tenus par le journaliste et le romancier.