Marks and Spencer aux Champs-Elysee, le 12 novembre 2016. / ALAIN JOCARD / AFP

Mardi 31 octobre, Marks & Spencer va tirer le rideau de son magasin des Champs-Elysées. Inauguré avec contrition en 2011, pour signer son retour dans l’Hexagone, dix ans après avoir fermé 18 magasins et licencié 1 700 personnes, ce point de vente de 1 500 m² est le dernier que la chaîne exploitait en France pour vendre mode et aliments sous le même toit. Les quatre autres ouverts dans les centres Beaugrenelle (Paris 15e), So Ouest (Levallois-Perret) Aéroville (Tremblay-en-France) et Quartz (Villeneuve-la-Garenne) ont fermé début septembre.

L’enseigne britannique ne quitte pas néanmoins le territoire français. Elle vend en ligne et continue d’exploiter ses franchises Marks & Spencer Food. En proie à des difficultés, le groupe dirigé par Steve Rowe depuis avril 2016 a décidé, il y a un an, de fermer dix marchés, dont la France et la Belgique, d’y consacrer 150 millions de livres (170 millions d’euros) et de se concentrer à l’étranger sur ses seuls magasins alimentaires (17 en France).

Mauvais calcul

Pour épargner à ses supérettes toute polémique préjudiciable, le britannique a abondé le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de sa chaîne de mode. Mais refuse d’en détailler les modalités. Toutefois, selon le syndicat Seci-UNSA, les 517 salariés licenciés se voient accorder 12 000 euros pour suivre une formation, tout en touchant 100 % de leur rémunération pendant un an. Ce PSE « pourrait lui coûter 20 millions d’euros », avance Eric Scherrer, président du Seci-UNSA, en soulignant combien cet « accord est exemplaire » alors que le secteur traverse une crise. A titre de comparaison, lors de leur licenciement en juillet, les 750 salariés de la chaîne Mim avaient obtenu 4,6 millions d’euros.

Marks & Spencer n’a pas trouvé de repreneur pour ses baux et donc pas de nouvel employeur pour ses salariés. Lors de son départ en 2001, l’enseigne avait cédé ses emplacements aux Galeries Lafayette. Cette fois – faut-il y voir un effet de la crise que traverse la mode ? – « personne ne s’est bousculé au portillon », regrette M. Scherrer.

L’enseigne exploitait pourtant des adresses en or dont Primark ou Zara auraient pu se saisir. Mais non. Est-ce un effet de la crise ? Ou le mauvais calcul de Marks & Spencer ? Engagé sur des baux de longue durée dont elle doit honorer les loyers, l’enseigne avait annoncé, en novembre 2016, vouloir se retirer dans un délai d’un an. Cette annonce précoce n’a pas pressé les chaînes candidates. « Il est toujours difficile de trouver preneur d’un bail pour un local promis à la vacance », juge un conseil immobilier. Dès lors, à Beaugrenelle, Apsys, gestionnaire de ce centre commercial ouvert en 2013, bricole : en cette fin d’année, sur les 4 500 m² laissés vacants, il a réservé un espace à une franchise Marks & Spencer, une briocherie et des espaces d’exposition. A Aéroville et So Ouest, Unibail prétend, lui, être en « négociations avec les enseignes référentes du secteur ».