Dans le cadre de son déplacement en Guyane, six mois après un mouvement social qui avait paralysé le territoire, Emmanuel Macron a effectué, vendredi 27 octobre au soir, une visite surprise dans deux quartiers sensibles de Cayenne et sa périphérie. Le chef de l’Etat y a notamment abordé les thèmes de la sécurité et de l’immigration avec une population souvent en situation irrégulière.

M. Macron s’est rendu au Rond-point des 100 boîtes aux lettres à Matoury et dans le quartier de la Crique à Cayenne, parfois surnommé « Chicago ». Des quartiers où vivent une majorité de clandestins. Ils sont souvent jeunes, venus d’Haïti, du Surinam, du Brésil, ou du Guyana. Trafic de drogue, prostitution et violence marquent ces lieux.

Au Rond-point des 100 boîtes aux lettres, dans le quartier de Cogneau Lamirande, à Matoury, le président a créé la surprise en se présentant à plusieurs dizaines de jeunes, rassemblés sur le bord de la route. Le lieu s’appelle ainsi car des dizaines de boîtes aux lettres, destinées à des gens « qui n’ont pas d’adresse », comme l’explique un jeune homme, sont alignées le long de la route.

Développer des « formations qualifiantes »

Un responsable associatif raconte que le quartier, constitué d’habitats spontanés, « à 3 km de profondeur. On ne fait que commencer à donner des rues, des noms de rue, alors tout le monde vient prendre son courrier ici ». Ce sont « des adresses qui leur permettent de toucher des aides », dit-il.

« Je voulais venir voir, parce qu’il fallait expliquer à des jeunes qui disent on demande des papiers, qu’on ne peut pas donner des papiers à tout le monde », déclare Emmanuel Macron. Il insiste sur la nécessité de développer des « formations qualifiantes » pour ceux qui sont en situation régulière.

« On avait fait une journée de l’emploi mais cela a été terrifiant. Il y avait plus de 6 000 jeunes qui sont venus », raconte le responsable associatif. « Pourquoi ils ont supprimé les contrats aidés ? », lui demande un jeune homme. « Vous mettez trop de jeunes au chômage. Les contrats aidés sauvaient beaucoup de monde ici. »

Le chef de l’Etat, accompagné de la maire de Cayenne Marie-Laure Phinera-Horth, a ensuite arpenté La Crique, un quartier dont la réputation de dangerosité n’est plus à faire. « C’est là qu’il y a des problèmes de drogue, c’est un quartier chaud. Il y a des dealers, du trafic de stupéfiants, de la prostitution », raconte l’élue. « Il y avait des Vietnamiens au départ ici. Maintenant les Dominicains, les Haïtiens, les Brésiliens occupent les lieux », dit-elle.

Un homme interpelle le chef de l’Etat à propos du regroupement familial qu’il a demandé, mais qu’on lui refuse, dit-il. Il est Haïtien en situation illégale. « C’est normal, il y a des règles, on ne peut pas accueillir tout le monde », lui répond M. Macron. L’homme s’emporte : « J’ai jamais tué, j’ai jamais volé », dit-il. Un jeune couple venu d’Haiti évoque ses difficultés à trouver du travail. « Si vous n’avez pas de papiers, vous ne pouvez pas travailler », répond le chef de l’Etat.