Manifestation contre l’indépendance, à Madrid, samedi 28 octobre / Paul White / AP

Après les indépendantistes vendredi, au tour des Catalans qui souhaitent rester dans l’Espagne d’occuper la rue à Barcelone, dimanche 29 octobre à partir de midi. L’appel de l’association organisatrice, la Société civile catalane, est un rappel à l’histoire récente du pays : « Nous voulons défendre la démocratie qui a tant coûté à nos grands-parents ».

La région est plus que jamais divisée, deux jours après la proclamation d’indépendance votée par le parlement catalan, suivie de la mise sous tutelle de la région par Madrid, marquant une rupture sans précédent en 40 ans de démocratie.

Témoignage de la profonde division de la société catalane : le défilé prévu dimanche à Barcelone répond au rassemblement de dizaines de milliers de personnes, vendredi soir, qui ont fêté la naissance de la « République » catalane dans le vieux quartier gothique avec des feux d’artifice.

« La Catalogne, c’est nous tous ! » : c’est sur ce même slogan que les organisateurs de ce nouveau rassemblement avaient déjà réussi à mobiliser plusieurs centaines de milliers de personnes contre la sécession, le 8 octobre. L’appel de la Société civile catalane, est assorti de deux mots : « coexistence » et surtout « seny », ce « bon sens » supposé réunir une majorité des Catalans face à ce que les détracteurs des indépendantistes qualifient de fuite en avant ou de « déraison ».

Lire l’éditorial du « Monde » : Catalogne : place à la démocratie

Madrid reprend la main

Madrid cherche au plus vite à reprendre en main la Catalogne, dont la déclaration d’indépendance n’a obtenu aucune reconnaissance internationale.

Officiellement, la région est désormais dirigée directement par la numéro 2 du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria, tout le gouvernement catalan, et jusqu’à 150 hauts responsables de l’administration selon la presse, ayant été destitués.

Une des premières décisions de Madrid a ainsi été de remplacer l’emblématique chef de la police catalane, Josep Lluis Trapero, jugé trop proche des indépendantistes.

Le gouvernement espagnol avait reçu l’autorisation du Sénat vendredi de mettre en œuvre l’article 155 de la Constitution, jamais utilisé, pour prendre les rênes de la région et y « restaurer l’ordre constitutionnel », alors que déjà plus de 1 600 entreprises ont entrepris de déménager leur siège social par crainte de l’instabilité. Et il a en ligne de mire l’organisation d’élections régionales le 21 décembre, dans moins de deux mois.

Air de précampagne

La manifestation de dimanche aura ainsi sans doute des airs de précampagne électorale, car les trois partis qui en Catalogne prônent le maintien de la région au sein de l’Espagne - Ciudadanos (libéral), le Parti socialiste catalan et le Parti populaire de Mariano Rajoy - y seront représentés.

En septembre 2015, les indépendantistes avaient obtenu 47,8 % des suffrages. Près de 51 % des voix étaient allées à des partis soutenant un référendum légal d’autodétermination ou le maintien en Espagne. Les séparatistes étaient cependant majoritaires au Parlement, avec 72 sièges sur 135, par le jeu de la pondération des voix en faveur des régions les plus rurales.

« Nous avons une occasion en or. La majorité des Catalans contrainte au silence depuis des années sait qu’il faut se mobiliser en masse », a estimé dès vendredi soir Ines Arrimadas, la chef en Catalogne du parti Ciudadanos, fer de lance de la lutte contre les indépendantistes.

Mais les séparatistes ne s’avouent pas vaincus. Samedi, leur chef de file Carles Puigdemont, destitué de son poste de président catalan par Madrid, a dans une allocution télévisée appelé les siens à « s’opposer démocratiquement » à la mise sous tutelle de l’a région par l’Etat. Depuis plusieurs jours, des Comités de défense de la République issus des quartiers appellent à la « résistance pacifique ».