L’entreprise est installée dans la petite ville de Whitefish (Montana) où vit également le secrétaire à l’intérieur Ryan Zinke. | Ramon Espinosa / AP

C’est une affaire dont les habitants de Porto Rico se seraient bien passés un mois après les ravages de l’ouragan Maria. Ricardo Ramos, le directeur de l’Autorité de l’énergie électrique de l’île, a annoncé dimanche 29 octobre que le contrat de 300 millions de dollars signé avec Whitefish Energy Holdings était annulé. Les liens entre l’administration Trump et l’entreprise, qui a raflé le marché pour le rétablissement du réseau électrique de l’île où 70 % de la population sont toujours privés de courant, posent à Washington comme à San Juan.

Ricardo Rossello, le gouverneur de Porto Rico, a donc fait comprendre à M. Ramos qu’il fallait agir. « C’est une énorme distraction », a reconnu M. Ramos. « L’impact sur le travail que nous sommes en train d’accomplir est négatif », a-t-il ajouté. Un porte-parole de Whitefish a fait part de sa déception.

Les questions concernent notamment la capacité de Whitefish Energy, petite entreprise de deux employés à temps plein fondée il y a seulement deux ans, à gérer un chantier de l’ampleur de Porto Rico. Le fait que l’entreprise soit installée dans la même ville du Montana (Whitefish) que l’actuel secrétaire à l’intérieur Ryan Zinke, qu’il en connaisse le patron et que son fils y ait travaillé un été, intrigue.

Un donateur de la campagne Trump parmi les investisseurs

« Je n’ai absolument rien à voir avec ce contrat entre Whitefish Energy et Porto Rico », a affirmé Ryan Zinke. « Toute tentative par des médias malhonnêtes ou des opérations politiques de me lier à ce contrat ne s’appuie sur rien », a-t-il assuré, estimant qu’« il n’y a que les élites de Washington pour considérer que venir d’une petite ville soit un crime ».

Pour Claire McCaskill, sénatrice démocrate du Missouri, ce contrat, qui n’a pas été officiellement approuvé par la FEMA (l’agence fédérale des situations d’urgence), « déclenche toutes les alertes possibles ». Les interrogations portent également sur la société HBC Investments, qui finance Whitefish. Son fondateur, Joe Colonnetta, a participé à hauteur de plusieurs milliers de dollars à la campagne de Donald Trump ainsi qu’à celle de plusieurs Républicains. Un élément jugé « sans pertinence » par un porte-parole de Whitefish.

La Maison Blanche a prévenu vendredi qu’elle n’avait joué aucun rôle dans l’attribution de ce contrat, qui n’avait « été déterminé uniquement par le gouvernement de Porto Rico ». Toujours est-il que le contrat est désormais examiné par des enquêteurs fédéraux.

350 salariés sur place

Whitefish aurait actuellement 350 salariés sur place qui continueront à y travailler jusqu’au mois de novembre et l’annulation effective du contrat. L’entreprise aurait déjà reçu près de 11 millions de dollars avec un paiement en attente de 9,8 millions pour le travail déjà effectué.

M. Ramos a salué les efforts de Whitefish jusqu’ici, assurant par ailleurs « qu’il n’y avait rien d’illégal » à signaler dans l’attribution du contrat. Le gouverneur de l’île a quant à lui prévenu que « si quelque chose d’illégal avait été commis, les officiels impliqués feraient face à toute la rigueur de la loi ».

D’après les chiffres obtenus par l’agence Associated Press, le contrat prévoit des tarifs de 20 277 dollars par heure pour l’utilisation d’un hélicoptère Chinook, de 650 dollars par heure pour un camion équipé d’une grue, de 286 dollars par heure pour un mécanicien.

L’ouragan Maria, de catégorie 4, a frappé Porto Rico le 20 septembre avec des vents atteignant les 245 kilomètres par heure, faisant une cinquantaine de morts. Rétablir l’intégralité du réseau électrique pourrait coûter 1,2 milliard de dollars.