Le premier ministre, Edouard Philippe, et le président, Emmanuel Macron, le 30 octobre 2017 à Paris. La suppression du régime de Sécurité sociale étudiant était une promesse du candidat Macron. / POOL / REUTERS

Quelle mutuelle choisir ? La question se posait à près de 2,6 millions d’étudiants à chaque rentrée universitaire. Elle n’aura plus lieu d’être à partir de 2018. Lundi 30 octobre, le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé la suppression du régime de Sécurité sociale étudiant, une promesse du candidat Emmanuel Macron. Elle s’appliquera dès la prochaine rentrée pour les nouveaux entrants dans l’enseignement supérieur, qui seront rattachés au régime général, et pour l’ensemble des étudiants à partir de 2019. Une manœuvre politique, ont dénoncé lundi les mutuelles étudiantes.

Jugée « inefficace et dispendieuse » par Emmanuel Macron, la délégation du régime de Sécurité sociale étudiante avait été créée en 1948. « Ce système ne marche pas bien », a répété lundi Edouard Philippe. Ces dernières années, la Cour des comptes, l’UFC-Que choisir ou encore le Défenseur des droits ont dénoncé d’importants dysfonctionnements : longs délais de remboursement, retards dans l’affiliation et dans l’obtention d’une carte Vitale… Au point qu’en 2015 La Mutuelle des étudiants (LMDE) a été contrainte de transférer la gestion du régime obligatoire de Sécurité sociale de ses quelque 835 000 affiliés à la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM).

« Décision politique »

Mais, depuis, la situation se serait considérablement améliorée, selon les mutuelles étudiantes. « Nous ne sommes pas comptables des errements commis par d’autres, il y a plusieurs années, se défend Romain Boix, le président de la LMDE. Le gouvernement justifie son action en citant des rapports périmés, datés, qui font un état des lieux des difficultés étudiantes qui n’ont plus cours. »

Plusieurs rapports d’audit de la qualité de service et de gestion de sections locales des mutuelles régionales du réseau Emevia (concurrent de la LMDE), portant sur les années 2015 à 2017 et que Le Monde a consultés, font un bilan satisfaisant. « Le gouvernement a pris une décision politique, pas de santé publique. Il fait un cadeau à la Fédération des associations générales étudiantes [FAGE] qui veut la mort de la LMDE où l’UNEF [l’Union nationale des étudiants de France] est puissante. Nous sommes les victimes collatérales d’une bataille qui ne nous concerne pas », estime Ahmed Hegazy, président d’Emevia.

Quand et comment le transfert des activités des mutuelles étudiantes à la CNAM sera-t-il effectué ? « C’est flou », juge Romain Boix. « Les modalités pratiques ne sont pas arrêtées », confirme-t-on au ministère des solidarités et de la santé.

Lors de leurs prochains échanges avec l’exécutif, les mutuelles tenteront de sauver ce qui peut l’être : la prévention étudiante et leur activité de complémentaire santé. Il restera également à gérer la migration de millions de dossiers étudiants ainsi que les centaines de collaborateurs des mutuelles qui interviennent sur le régime obligatoire vers les Caisses primaires d’assurance-maladie.

Des personnels qui n’ont « à aucun moment été consultés sur leur sort lors de la prise de décision du gouvernement », selon Frédérique Galliat, délégué syndicale UNSA-LMD. La question de la suppression du régime de « Sécu » étudiant étant maintenant tranchée, l’exécutif se dit prêt à discuter des conditions du transfert des personnes concernées.