Dans un supermarché de l’est de la France, le 25 octobre 2017. / LOÏC VENANCE / AFP

La « crainte de la pénurie crée la pénurie », assure Stéphane Travert, le ministre de l’agriculture. Invité de RTL mardi 31 octobre, M. Travert constate : « Beaucoup de consommateurs ont acheté du beurre en supplément par rapport à leur habitude de consommation et le stockent. »

Le 24 octobre, le ministre assurait que la « pénurie » de beurre n’allait pas durer. Il admet au micro que ce manque, constaté dans certains supermarchés, relève d’abord d’un bras de fer entre industriels et distribution. Les achats de précautions des consommateurs alimentant le phénomène.

Pour sortir du conflit commercial qui oppose la distribution et les industriels sur le prix du beurre, M. Travert, suggère de s’en remettre à « l’esprit des Etats généraux de l’alimentation » (Egalim) en cours depuis juillet, et consacrés précisément au « juste prix » qui doit être payé par chaque maillon de la chaîne alimentaire.

« C’est une situation inédite, il y a une forme de blocage entre les transformateurs et les distributeurs », a-t-il reconnu, « je ne peux être que contre cette guerre des prix ». Tout en se voulant rassurant : « Il n’y a pas de pénurie à proprement parler. »

« L’intox » de la pénurie dénoncée

Le cabinet Nielsen, spécialisé dans les études de consommation, a montré samedi dans une étude comment la « pénurie » de beurre, évoquée depuis la rentrée par les boulangers puis par les médias, était amplifiée par des achats de précaution de consommateurs : les ruptures de stocks constatées en grande surface sont dues « à une forte hausse de la demande qui a atteint + 19 % en volume durant la semaine du 16 au 22 octobre, par rapport à la même semaine de 2016 », selon le cabinet.

En fin de semaine dernière, les producteurs laitiers avaient pour leur part dénoncé « l’intox » de la « pénurie », en soulignant qu’il n’y avait pas de pénurie de lait et en dénonçant la responsabilité de la grande distribution, qui ne veut pas payer le « juste prix », tandis que les industriels préfèrent exporter leur beurre plutôt que de le vendre à la grande distribution française.

Après avoir cité « Super U », le ministre a dit avoir reçu un courriel de la part de l’enseigne Auchan, « qui a fait savoir qu’ils acceptaient ces augmentations » de tarif du beurre. « C’est plutôt de bon augure », a-t-il dit.

La France n’est pas le seul pays touché. La flambée des cours est mondiale. La tonne de beurre, payée 2 500 euros en 2016, a atteint 7 000 euros depuis l’été.

Face à la quasi-pénurie, du beurre en vente sur Leboncoin ?
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