Nintendo a lancé sa nouvelle console Switch en mars. / TOSHIFUMI KITAMURA / AFP

La nouvelle console de Nintendo ne fait pas que le bonheur des amateurs de jeux vidéo, elle ravit aussi les investisseurs. Mardi, l’action du groupe japonais gagnait plus de 4 % en séance et évoluait à ses plus hauts niveaux depuis septembre 2008. Sa valeur a déjà presque doublé depuis le lancement de la console Switch en mars. Il faut dire que les chiffres annoncés par la direction à l’occasion de la publication des résultats semestriels, lundi 30 octobre, sont plus qu’encourageants : 4,89 millions de Switch ont déjà été vendues depuis fin mars, ainsi que 22 millions de jeux. Devant le succès rencontré, le groupe japonais espère désormais en vendre 14 millions sur l’exercice 2017-2018, contre 10 millions prévus auparavant.

Avec la Switch, Nintendo jouait gros, après l’échec commercial de la Wii U, lancée en 2012, et vendue seulement à 13,5 millions d’exemplaires, jusqu’à l’abandon de sa commercialisation début 2017. « Le jeu vidéo est un marché compliqué, où l’on n’a pas droit à deux échecs consécutifs », explique Laurent Michaud, chercheur à l’institut Idate de Montpellier.

Un pari audacieux

Soumis à la concurrence de Microsoft (Xbox) et de Sony (PlayStation), mais aussi à celle du jeu sur téléphone mobile, Nintendo a tenté un pari audacieux avec la Switch, objet hybride, à la fois console de salon et console portative.

L’éditeur a pu s’appuyer sur la popularité de ses licences pour favoriser l’adoption de sa nouvelle console, avec des jeux tels que The Legend of Zelda : Breath of the Wild ou Mario Kart 8 Deluxe, qui se sont respectivement vendus à 4,7 et 4,4 millions d’exemplaires. Par ailleurs, la société a, semble-t-il, résolu, au moins en partie, les problèmes d’approvisionnement qui ont occasionné de nombreuses ruptures de stock dans les premiers mois suivant le lancement. « C’est grâce à nos fournisseurs, qui ont été capables d’augmenter leur production, que nous pouvons aujourd’hui revoir à la hausse nos prévisions, et nous allons encore accroître les volumes », a fait savoir lundi le président de Nintendo, Tatsumi Kimishima.

Le succès de la Switch se reflète aujourd’hui dans les comptes de l’entreprise avec un chiffre d’affaires au premier semestre qui a triplé par rapport à l’année précédente, pour atteindre 374 milliards de yens (2,8 milliards d’euros), et un bénéfice opérationnel de 39,9 milliards de yens (303 millions d’euros) contre une perte de près de 6 milliards un an plus tôt.

Les jeux sur mobile, un fort potentiel de revenus

A moyen terme, les observateurs se montrent confiants quant au succès de la Switch. Pour Serkan Toto, président de la firme de conseil Kantan-Games, les nouveaux objectifs du groupe seraient même trop prudents. Et si la Switch n’apparaît pas promise pour l’instant au sommet des 100 millions d’exemplaires vendus, atteint par la Wii en son temps, le chiffre – déjà très respectable – de 60 millions de ventes semble accessible, selon l’Idate.

Autre signe encourageant, les revenus issus du jeu sur mobile continuent à croître massivement (135 millions d’euros, + 426 %). Arrivé récemment sur ce marché, avec le succès remarqué de Pokémon GO développé par le studio Niantic, Nintendo produit désormais ses propres jeux. « C’est là que réside le plus grand potentiel de revenus de Nintendo », estime Serkan Toto, qui donne « deux à trois ans » au japonais pour devenir un acteur majeur du secteur.