Les premières ventes de l’iPhone X, à Sydney, en Australie, le 3 novembre, lors de son lancement mondial. / DAVID GRAY / REUTERS

Quelques heures à peine avant la sortie mondiale de son nouveau smartphone, l’iPhone X, Apple a publié, jeudi 2 novembre, ses résultats trimestriels. Avec un chiffre d’affaires de 52,6 milliards de dollars (45,1 milliards d’euros), en hausse de 12 %, et des ventes de smartphones qui se sont élevées à 46,7 millions d’unités, la marque à la pomme a dépassé les attentes du marché. « Nous avons dégagé notre meilleur chiffre d’affaires pour un dernier trimestre », s’est félicité lors d’une conférence téléphonique Tim Cook, le patron d’Apple, le groupe ayant un exercice décalé se terminant fin septembre.

Outre la bonne tenue des ventes de téléphones (+ 2 %), qui constituent plus de la moitié des revenus, la forte croissance des « services » (Apple Store, Apple Pay, etc.) – en hausse de 34 % pour atteindre un montant de 8,5 milliards de dollars – a dopé les résultats de la marque à la pomme.

Ces résultats sont d’autant plus rassurants pour Apple qu’ils interviennent dans une période un peu particulière. Malgré la sortie en septembre des iPhone 8 et 8+, de nombreux observateurs craignaient de voir les ventes de smartphones faiblir, les clients préférant peut-être se réserver pour la sortie de l’iPhone X. Annoncé le 12 septembre, ce nouveau produit, commercialisé en France à partir de 1 159 euros, est en effet très attendu. Arrivé dix ans après le premier iPhone, équipé pour la première fois d’un écran OLED de bord à bord, l’iPhone X marque une nouvelle étape dans la gamme des smartphones d’Apple. Mais son lancement, relativement tardif dans le calendrier, est aussi porteur de son lot d’inquiétudes.

Seules 25 à 30 millions d’unités pourront être produites d’ici à la fin de l’année

La capacité d’Apple à répondre à la demande suscite en effet des interrogations. L’intégration de nouvelles technologies, en particulier celle de la reconnaissance faciale pour déverrouiller l’appareil – dispositif censé garantir une sécurité optimale –, a semble-t-il ralenti la production de l’appareil. Auparavant, des inquiétudes s’étaient fait jour sur des problèmes d’approvisionnement en écrans OLED.

Selon les estimations de KGI Securities, Apple ne serait même pas en capacité de répondre à la demande des acheteurs pour le seul week-end du lancement. Le cabinet estime en effet qu’à peine deux à trois millions de pièces seront disponibles d’ici à la fin de la semaine. Un volume qui paraît bien insuffisant au regard des précédents lancements de la marque. Trois jours après sa mise sur le marché, en septembre 2015, l’iPhone 6S s’était déjà vendu à 13 millions d’exemplaires. Soit le meilleur lancement à ce jour pour un iPhone.

Même si les ruptures de stock sont habituelles lors des commercialisations d’iPhone, la question semble se poser avec plus d’acuité cette année. Les experts de KGI Securites ont revu à la baisse leurs prévisions de production et estiment désormais que seules 25 à 30 millions d’unités pourront être produites d’ici à la fin de l’année, contre 30 à 35 millions initialement envisagé. D’ores et déjà, nombreux sont les analystes qui estiment que les problèmes d’approvisionnement devraient se prolonger jusqu’au début 2018, ce qui pourrait peser sur les ventes particulièrement cruciales de fin d’année.

Des clients patients

Jeudi, Tim Cook a réaffirmé que « les commandes [du nouveau smartphone, ouvertes en ligne depuis une semaine] étaient très fortes de la part des consommateurs » et que le trimestre qui s’ouvre allait être « très bon » pour Apple. Dans ses prévisions, le groupe anticipe ainsi un chiffre d’affaires record situé entre 84 milliards et 87 milliards de dollars, là encore supérieur aux estimations du marché.

En attendant, pour tous ceux qui ne se sont pas précipités aux premières heures des préventes, le 27 octobre, les délais d’attente pour se faire livrer atteignent des durées particulièrement longues. Pour un consommateur français qui passerait commande aujourd’hui de l’appareil sur le site d’Apple, il faudrait attendre de cinq à six semaines avant d’être livré.

Mais pour Ian Fogg, analyste chez IHS Technology, « il est plus important pour Apple de s’assurer de la qualité de la production de ses iPhone X, plutôt que de précipiter le modèle sur le marché avec des problèmes de conception au démarrage comme certains de ses concurrents l’ont fait par le passé », en référence notamment aux déboires récents du Samsung Note 7, qui avait dû être retiré du marché après que des appareils ont pris feu. Par ailleurs, relève Julie Ask, du cabinet Forrester, « Apple a la chance d’avoir des clients qui sont prêts à se montrer patients », ce qui devrait éviter de voir des ventes se détourner vers d’autres constructeurs.