C’est, de loin, l’iPhone le plus cher jamais commercialisé : l’iPhone X, mis en vente vendredi 3 novembre, coûte 1 159 euros pour sa version « de base ». Un tarif qui range d’emblée le dernier téléphone d’Apple parmi les mobiles grand public les plus chers jamais commercialisés. L’annonce du prix du nouveau téléphone – qui s’accompagne d’une hausse du tarif des réparations – avait suscité une vague de plaisanteries et de comparaisons de pouvoir d’achat.

Pourtant le PDG d’Apple, Tim Cook, n’a pas ménagé ses efforts depuis deux mois pour tenter de convaincre ses clients que l’iPhone n’est pas un produit de luxe. « La plupart des gens payent leur téléphone par mensualités aux Etats-Unis », a déclaré M. Cook lors d’une conférence téléphonique après l’annonce des excellents résultats trimestriels de l’entreprise. « Si vous regardez les tarifs proposés par la plupart des opérateurs, vous pouvez acheter un iPhone X en payant environ 33 dollars par mois. Si vous y réfléchissez ainsi, c’est le prix de quelques cafés par semaine – c’est moins cher que d’acheter un café par jour. » Un calcul techniquement exact, à condition de conserver son téléphone trois ans, mais accueilli avec une certaine ironie sur les réseaux sociaux.

Avant la sortie de l’iPhone X, M. Cook estimait par ailleurs que la gamme de prix des iPhone les destinait à presque tous les consommateurs et se défendait de « faire des produits pour les riches ». « Si vous regardez l’ensemble de nos produits, vous pouvez acheter un iPad pour moins de 300 dollars. Et vous pouvez acheter un iPhone pour sensiblement le même prix [avec la subvention d’un opérateur]. Ce ne sont pas des produits réservés aux riches, nous n’aurions pas un milliard de produits utilisés dans le monde si nous les réservions aux plus riches. »

« Nous ne faisons pas des produits de base »

M. Cook reconnaissait toutefois que le but d’Apple n’était pas de faire des produits accessibles à tous les budgets, mais de faire « les meilleurs produits ». « Nous ne faisons pas des produits de base. Nous n’avons rien contre les entreprises qui le font : c’est un modèle tout à fait respectable. Mais ce n’est pas notre modèle. » Pour le PDG, le prix record de l’iPhone X s’explique simplement par « la valeur du produit ». « Nous n’essayons pas de fixer le prix le plus haut possible. Nous fixons un prix en fonction de ce que nous vendons. L’iPhone X contient beaucoup de nouvelles technologies qui sont en avance sur le reste de l’industrie et c’est un produit fabuleux », assurait-il jeudi.

Des innovations qui n’ont pas convaincu un collectif d’organisations et de personnalités, baptisé « #iPhoneRevolt », regroupant notamment Attac France, la chercheuse Dominique Méda ou l’humoriste Guillaume Meurice. « Le prix des iPhone ne cesse d’augmenter alors qu’Apple réalise une marge de près de 40 % et a accumulé un pactole indécent de plus de 200 milliards d’euros dans les paradis fiscaux », écrit le collectif dans son manifeste. « Dix ans après la sortie du premier iPhone, la vraie “révolution” serait que des multinationales de l’électronique comme Apple produisent des smartphones socialement, écologiquement et fiscalement soutenables. » Attac France organisait vendredi des manifestations devant plusieurs magasins Apple pour protester notamment contre la politique d’« optimisation fiscale » de l’entreprise.