Frankie Fredericks (à droite) et son avocat, jeudi 2 novembre, à Paris. / DAVID CANTINIAUX / AFP

L’étau judiciaire se resserre autour de Frankie Fredericks. L’ancien sprinter namibien, actuel membre du Comité international olympique (CIO), a été mis en examen pour « corruption passive » et « blanchiment de corruption », jeudi 2 novembre. C’est ce qu’a décidé le juge d’instruction Renaud van Ruymbeke, à l’issue de son audition au tribunal de grande instance de Paris, dans le cadre de l’enquête sur les soupçons de corruption dans l’attribution des Jeux olympiques d’été 2016 à Rio de Janeiro. L’information révélée, jeudi, par le site de L’Equipe a été confirmée au Monde par une source proche du dossier.

Le Monde avait révélé, le 3 mars, que Yemi Limited, une société domiciliée aux Seychelles et liée à Fredericks, avait reçu 299 300 dollars de la part de Papa Massata Diack, le jour même de l’élection de la ville hôte des Jeux 2016, le 2 octobre 2009. D’après les recherches du Monde dans la base de données des « Panama papers », Fredericks détenait cette société depuis 2004.

Suspecté d’être au cœur de plusieurs affaires de corruption dans le sport et visé par un mandat d’arrêt international, Papa Massata Diack avait reçu 2 millions de dollars de la part d’une société appartenant à un homme d’affaires brésilien, Arthur César de Menezes Soares Filho, trois jours avant le vote du 2 octobre 2009. Celui que l’on surnomme « PMD » est aussi le fils de Lamine Diack, l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) et membre influent du Comité international olympique (CIO) à l’époque.

« Services rendus »

Le jour du vote et du virement de 299 300 dollars, le Namibien était scrutateur pour le CIO, à Copenhague. Il devait s’assurer du bon déroulement du vote. « Le paiement n’a rien à voir avec les JO », avait-il alors assuré au Monde, en évoquant le règlement d’un « contrat daté du 11 mars 2007 » et des « services rendus entre 2007 et 2011 ».

Dès le 7 mars, Frankie Fredericks avait annoncé qu’il démissionnait de la présidence de la commission d’évaluation des JO 2024. Il avait été remplacé par le Suisse Patrick Baumann et n’avait pas participé à la session du Comité international olympique – dont il est toujours membre – à Lima, en septembre. S’il reste membre du CIO, M. Fredericks a été suspendu de ses fonctions au sein de l’IAAF en juillet.

Alors que les justices française et brésilienne collaborent dans le dossier de l’attribution des Jeux de Rio, les avancées de l’enquête ont récemment permis de mettre en cause d’autres personnalités, dont Carlos Nuzman, président du Comité olympique brésilien et du comité organisateur des Jeux de Rio.