Ces images auraient pu, auraient dû, disparaître. Eric Baudart les a sauvées, pour leur donner une deuxième vie. Mais pas question de les dépoussiérer, de leur donner un semblant de neuf : ce sont les outrages du temps qui confèrent leur puissance à ces artefacts dénichés au hasard des rues ou des rencontres. S’ils étaient impeccables, à quoi ressembleraient ­­­­ce ruisseau noir et blanc, ­­­­­cet homme sur son lit de mort, cette Cène, de Vinci, mille fois reproduites ? Soigneusement ­collectées par l’artiste, avec leurs écailles et leurs lacunes, elles se chargent au contraire de mille histoires, comme un visage ridé. Et gagnent encore en étrangeté à être ­confrontées aux deux « sculptures » qui trônent dans l’espace : trois sièges d’avion couverts de tissu zèbre, et un fragment de barricade en béton. ­­Ici, ­­­ils deviennent blocs de peinture abstraite.

« Les Choses classiques », ­­­­­­ d’Eric Baudart, galerie Chez Valentin, 9, rue Saint-Gilles, Paris 3e. Tél. : 01-48-87-42-55. Jusqu’au 25 novembre. galeriechezvalentin.com