Amado Boudou arrive au palais de justice de Buenos Aires, le 3 novembre. / MARTIN ACOSTA / REUTERS

Série noire à Buenos Aires pour l’ancienne présidente Cristina Fernandez de Kirchner (2007-2015). Amado Boudou (54 ans), qui fut son ministre de l’économie de 2009 à 2011, puis son vice-président de 2011 à 2015, a été placé en détention préventive, vendredi 3 novembre, dans une affaire d’enrichissement illicite et de blanchiment d’argent.

Quelques jours plus tôt, le 25 octobre, c’est Julio de Vido, ancien ministre des travaux publics et homme fort des gouvernements de Nestor Kirchner (2003-2007), puis de son épouse Cristina, qui a été arrêté, accusé de plusieurs délits de corruption. Cristina Kirchner elle-même a été mise en examen dans plusieurs affaires pour malversations.

Le juge fédéral Ariel Lijo, qui a ordonné l’arrestation de M. Boudou, un descendant d’Aveyronnais connu pour son amour des motos et du rock, a relevé dans son patrimoine des sommes d’argent d’origine douteuse et des anomalies dans ses déclarations de revenus. Son ancienne fiancée, Agustina Kämpfer, est également soupçonnée et est convoquée par le juge le 8 novembre.

M. Boudou avait déjà été mis en examen alors qu’il était vice-président, en 2014, mais n’avait jamais été mis en détention. Le juge a estimé qu’il existait un risque de fuite. Une dizaine d’anciens fonctionnaires des gouvernements Kirchner sont déjà en prison pour corruption. Parmi eux, trois des plus proches collaborateurs de M. de Vido : Ricardo Jaime, ancien secrétaire aux transports, José Lopez, ex-secrétaire aux travaux publics, arrêté alors qu’il tentait de cacher 9 millions de dollars dans un couvent, et Roberto Baratta, sous-secrétaire de M. de Vido.

« Pas de limites »

Les partisans des Kirchner attribuent ces arrestations en série à une persécution politique du gouvernement de centre droit de Mauricio Macri, qui a renforcé son pouvoir après sa large victoire lors des élections parlementaires partielles du 22 octobre. De quoi inquiéter Mme Kirchner, qui, élue sénatrice à cette occasion, ne bénéficiera d’une immunité parlementaire qu’à partir du 10 décembre, date de sa prise de fonction. Le cas de M. de Vido pourrait être un antécédent fâcheux : lui aussi, en tant que député, jouissait de l’immunité parlementaire. Mais elle lui a été retirée par la Chambre des députés, ce qui a entraîné son arrestation immédiate.

« Ce gouvernement n’a pas de limites, a déclaré, vendredi, Héctor Recalde, député du Front pour la victoire, partisan de Mme Kirchner. On ne peut pas écarter qu’il cherche désormais à arrêter Cristina ou Maximo, son fils. »

Les nombreuses enquêtes visant Cristina Kirchner, pour des blanchiments d’argent et des enrichissements illicites présumés, se recoupent et forment un volumineux dossier, rebaptisé « la route de l’argent K », pour Kirchner. Jusqu’à présent, l’ancienne présidente argentine n’a jamais été jugée.