Charlie Hebdo « dépose plainte » à la suite des menaces de mort diffusées sur les réseaux sociaux, a annoncé lundi 6 novembre le dessinateur Riss, directeur de la publication de l’hebdomadaire. En cause : un dessin représentant l’islamologue Tariq Ramadan, visé par deux plaintes pour viol.

Dans sa dernière édition, parue mercredi, l’hebdomadaire satirique représente le théologien, le pantalon déformé par un énorme sexe en érection, proclamant : « Je suis le 6e pilier de l’islam ». « VIOL, La défense de Tariq Ramadan », peut-on lire au-dessus du dessin, signé Juin.

Interrogé sur l’angle choisi pour ce dessin, Riss a fait valoir, sur Europe 1, que Tariq Ramadan se présentait lui-même comme « un islamologue, comme un sachant », c’est pourquoi le dessin fait référence au « 6e pilier de l’islam (…), le djihad ».

Les cinq piliers de l’islam constituent le fondement du mode de vie islamique : la profession de foi, la prière, la zakat (l’aumône), le jeûne du mois de Ramadan et le pèlerinage à La Mecque, au moins une fois dans leur vie pour ceux qui en ont les moyens. Bien qu’il n’en ait pas le statut officiel, le djihad est considéré comme le sixième pilier de l’islam par une minorité au sein du sunnisme.

« Ligne rouge »

S’exprimant sur les messages de haine et les menaces adressées à Charlie Hebdo, Riss a déclaré qu’ils n’avaient « jamais vraiment cessé ».

« Mais c’est vrai que, parfois, il y a des pics où on reçoit sur les réseaux sociaux des menaces de mort explicites : c’est le cas, une fois de plus, a-t-il ajouté. C’est toujours difficile de savoir si ce sont des menaces sérieuses ou pas, mais par principe, on les prend au sérieux et on dépose plainte. »

« On n’accepte pas d’être traité de cette manière-là. Il y a une ligne rouge à ne pas franchir », a poursuivi Riss. « Menacer de mort quelqu’un, ce n’est ni autorisé dans la rue, ni dans un journal, ni nulle part, c’est poursuivable », a-t-il ajouté, déplorant ces « bouffées de haine ».

« Au-delà du sérieux de ces menaces de mort, c’est une question de climat », a souligné le dessinateur. Il juge « étonnant qu’après tout ce qui s’est passé depuis deux, trois, quatre ans, il y ait encore des réactions aussi violentes, des appels au meurtre ».

« Ce n’est pas simplement de la contestation ou de la discussion, ce n’est même pas de l’injure, c’est au-delà de ça : c’est que maintenant, ça s’est banalisé d’appeler au meurtre », a-t-il estimé. C’est « assez inquiétant » et « révèle un climat assez lourd ».