Le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer et l’écrivaine Leila Slimani ont rencontré des élèves de l’ELA, l’association européenne contre les leucodystrophies, à Paris, le 16 octobre. / PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Après le prix Goncourt, une mission à l’Elysée ? L’auteur franco-marocaine Leïla Slimani devrait devenir la représentante personnelle du président de la République pour la francophonie, selon les informations du Parisien, relatées lundi 6 novembre. Celle qui a reçu le prix Goncourt 2016 pour son deuxième roman « Chanson douce » est attendue à l’Elysée ce lundi à 15 heures, date où la récompense littéraire sera délivrée à son successeur. Ses prérogatives en tant que telle couvriraient la promotion de la langue française et de la diversité culturelle.

Elle aurait été choisie car elle « incarne le visage de la francophonie ouverte sur un monde pluriculturel », et qu’« elle fait partie d’une nouvelle génération que le président veut faire émerger », a déclaré un conseiller d’Emmanuel Macron, au journal.

Les faveurs du couple Macron

Les relations entre Leïla Slimani, qui n’a jamais revendiqué une appartenance politique, et Emmanuel Macron ne datent pas d’hier. Fervent lecteur de son livre, le chef de l’Etat avait demandé à la rencontrer durant la campagne. Puis, elle avait appelé à voter pour lui dans l’entre-deux tours de la présidentielle, pour faire barrage au Front national, et « par adhésion », relate le quotidien. Une rumeur avait également couru concernant sa nomination au ministère de la culture. Une information qu’elle n’avait pas démentie en août, rappelle Le Parisien. Leurs relations se sont consolidées en juin, lorsque la romancière a fait partie de la délégation présidentielle au Maroc pour rencontrer Mohammed VI et la famille royale.

« Chanson douce », de Leïla Slimani

Extrait : « Les squares, les après-midi d’hiver. Le crachin balaie les feuilles mortes. Le gravier glacé colle aux genoux des petits. Sur les bancs, dans les allées discrètes, on croise ceux dont le monde ne veut plus. Ils fuient les appartements exigus, les salons tristes, les fauteuils creusés par l’inactivité et l’ennui. Ils préfèrent grelotter en plein air, le dos rond, les bras croisés. A 16 heures, les journées oisives paraissent interminables. C’est au milieu de l’après-midi que l’on perçoit le temps gâché, que l’on s’inquiète de la soirée à venir. A cette heure, on a honte de ne servir à rien. Les squares, les après-midi d’hiver, sont hantés par les vagabonds, les clochards, les chômeurs et les vieux, les malades, les errants, les précaires. Ceux qui ne travaillent pas, ceux qui ne produisent rien. Ceux qui ne font pas d’argent. Au printemps, bien sûr, les amoureux reviennent, les couples clandestins trouvent un domicile sous les tilleuls, dans les alcôves fleuries, les touristes photographient les statues. L’hiver, c’est autre chose. »

« Chanson douce », Gallimard, p. 112-113

La femme de 36 ans a également été plébiscitée par la première dame, Brigitte Macron, lors d’un événement pour l’association ELA (l’association européenne contre les leucodystrophies), il y a deux semaines. Elle avait choisi un texte de Leïla Slimani pour un exercice de dictée auprès de ces élèves.

Cette annonce n’est pas sans rappeler l’intronisation de Stéphane Bern comme « Monsieur patrimoine ». Ce choix, celui d’un homme médiatique et non politique, avait suscité la polémique, début octobre.