« Le Monde » / SCN

Pas si inoffensif - « Ah ! C’est fait pour filmer sa voisine, ça ! » Combien de fois l’a-t-on entendue cette boutade, en déballant son drone. Facile… un quadricoptère, cela fait du bruit (trop, sans doute) et puis, cela se voit. Guère discret et donc inoffensif, ou presque ? Finalement, ce n’est peut-être pas si sûr. Selon Arthur Holland Michel, codirecteur du très sérieux Center for the Study of Drones du Bard College, dans l’Etat de New York, « les cas de harcèlement réalisé avec l’aide d’un drone commencent à devenir courants, et l’on peut s’attendre à ce qu’ils s’amplifient dans les prochaines années ». « Comme on pouvait hélas s’y attendre, il semble que cette technologie puisse devenir populaire parmi les harceleurs », déplore-t-il dans Vice.

Des cas en Australie - Ce constat, dit-il, est alimenté par l’émergence de cas bien réels, même si, admet-il, il n’existe pas de données chiffrées du phénomène. La semaine dernière, dans les environs de Port Lincoln (sud de l’Australie), plusieurs femmes vivant dans des lieux relativement isolés ont fait état de l’irruption d’un drone, en pleine nuit. L’appareil, équipé d’une caméra, s’est immobilisé en vol stationnaire devant leur fenêtre avant de s’envoler et, parfois, revenir quelques nuits plus tard. Selon ABC, deux de ces femmes « ont renoncé à prendre des douches la nuit tombée de peur d’être filmées ». L’une d’elles assure que, désormais, elle dort avec un grand bâton à portée de main. « C’est une forme de viol. C’est intrusif, ça me fait peur », témoigne une autre. La police n’est pas parvenue à identifier le ou les responsables de ces vols nocturnes.

Drone abattu - Arthur Holland Michel rappelle qu’en 2015 aux Etats-Unis un homme a abattu un drone qui, selon lui, espionnait sa fille adolescente. Les réseaux sociaux regorgent de scènes où l’on voit des drones filmer des propriétés privées, soulevant les protestations véhémentes des résidents. Même s’il faut se garder de surréagir face aux drones intrusifs et leur utilisation par des harceleurs, il est devenu nécessaire de sensibiliser le public. Cependant, souligne Arthur Holland Michel, les recours sont malaisés. Il est difficile de repérer en pleine nuit le pilote d’un drone et les systèmes de détection, qui commencent à apparaître, ne sont pas autorisés aux Etats-Unis.