LES CHOIX DE LA MATINALE

Un programme plutôt éclectique cette semaine, avec la vie d’une immigrante irlandaise à Toronto, les gaffes d’un Larry narcissique ou le surnaturel grotesque de Stranger Things 2.

« Alias Grace » : la servante écrouée

Alias Grace | Official Trailer [HD] | Netflix
Durée : 02:30

Alias Grace, qui vient d’être lancée sur Netflix, est adaptée d’un roman de la Canadienne Margaret Atwood – aussi auteure du livre The Handmaid’s Tale, superbement transformé en série, cette année. Sans avoir la force évocatrice et l’amplitude de The Handmaid’s Tale, Alias Grace vaut d’être suivie non pas en en tant que série, mais bien en tant que film en six parties. Car Alias Grace progresse lentement jusqu’à l’épisode final. Et parce que prime, ici, l’atmosphère dickensienne du XIXe siècle résonnant encore avec le temps présent, avec les mille petites solidarités – et haines – des femmes entre elles dans un monde où on ne les considère guère mieux que des animaux.

On suit donc la vie de Grace Marks, immigrante irlandaise, servante à Toronto, qui, à 16 ans, en 1843, sera coaccusée du meurtre de son employeur, Thomas Kinnear, et de la gouvernante, Nancy Montgomery. Grace Marks a réellement existé. Condamnée à l’emprisonnement à la perpétuité, elle y recevra la visite quotidienne d’un médecin, mandaté pour déterminer si la jeune fille est réellement coupable ou si elle peut être libérée. Charge à lui de découvrir, au travers du récit de son interlocutrice, une cohérence entre l’acte criminel et la personnalité de Grace… Martine Delahaye

« Alias Grace », série créée par Sarah Polley. Avec Sarah Gadon, Edward Holcroft (Etats-Unis - Canada, 2017, 6 x 45 minutes). Sur Netflix.

« Larry et son nombril » : un emmerdeur de première

Curb Your Enthusiasm - La Discute du resquilleur - 8.05 [sous-titres] [extrait] [série/humour]
Durée : 02:03

Curb Your Enthusiasm, programme créé, écrit et interprété par Larry David, avait débuté en 1999, sur la chaîne câblée nord-américaine HBO, par un numéro d’une heure qui ne devait pas connaître de suite. Il fut développé l’année suivante en une série vite devenue un succès critique et public, qui ne s’est finalement arrêté qu’en 2011, après une huitième saison.

Mais le cocréateur (avec Jerry Seinfeld) de Seinfeld, qui joue d’ailleurs son propre rôle – certes revisité par les artifices de la caricature – dans ce qu’a été rebaptisé en France Larry et son nombril, a repris du service six ans plus tard pour une nouvelle saison que diffuse depuis peu OCS en « US + 24 ».

Pour ceux qui ne connaîtraient pas le personnage principal – ou n’auraient pas vu Whatever Works (2009), le film de Woody Allen dans lequel Larry David joue un rôle de même type –, Larry est, disons-le tout de go et en toutes lettres : un emmerdeur. Ses gaffes, voulues ou non, sa propension à dire ce qu’il vaudrait mieux taire, sa jouissance à être politiquement incorrect, ses mensonges emberlificotés et son obsession du détail au bord du trouble obsessionnel compulsif en font un personnage aussi irritant qu’attachant. Cet humour souvent grinçant et cet univers narcissique ne sont peut-être pas du goût de tous. Mais, si l’on y est sensible, c’est merveilleusement hilarant. Renaud Machart

« Larry et son nombril » (Curb Your Enthusiasm), saison 9, créée par Larry David. Avec Jeff Garlin, Cheryl Hines, Susie Essman, J.B. Smoove, Bob Einstein, Richard Lewis, Ted Danson (Etats-Unis, 2017, 10 x 30 minutes). Sur OCS GO à la demande.

« Stranger Things » : surnaturel de carton-pâte

Stranger Things | Season 2 Comic Con "Thriller" Trailer [HD] | Netflix
Durée : 03:04

L’action de la première saison de Stranger Things (2016), série créée par les frères Matt et Ross Duffer, se situait en 1983 dans l’Amérique profonde, une petite ville de l’Indiana ; celle de la saison 2, rendue disponible un an plus tard par Netflix, au moment d’Halloween, nous ramène en 1984 (année fameusement anticipée dès 1949 par l’écrivain George Orwell).

Malheureusement, Stranger Things 2 n’a pas corrigé les défauts de la deuxième moitié de sa première saison : au lieu de tenter de préserver l’insondable et horrifique mystère de ce monde parallèle et menaçant, la série verse dans un surnaturel grotesque et lâche ses monstres en images de synthèse. De sorte qu’on se croirait entre Jurassic Park, Alien et Godzilla. En ajoutant des personnages, en délocalisant l’action (qui permet à Eleven, la petite fille aux pouvoirs surhumains, de développer son personnage), les auteurs ont tenté de renouveler l’intérêt. Mais on semble se trouver dans une sorte de redite, souvent au bord du risible, de la saison 1. R. Ma.

« Stranger Things », saison 2, de Matt et Ross Duffer. Avec Winona Ryder, David Harbour, Millie Bobby Brown, Gaten Matarazzo, Finn Wolfhard (Etats-Unis, 2017, 9 x 55 minutes). Sur Netflix à la demande.