Quelque 900 000 Rohingya sont entassés aujourd’hui dans des conditions insalubres dans des camps de tentes dans le sud du Bangladesh. / DIBYANGSHU SARKAR / AFP

Les Nations unies ont une nouvelle fois dénoncé, lundi 6 novembre, les violences commises par les forces armées birmanes au cours des dix dernières semaines contre les Rohingya.

Mais, craignant un veto de la Russie et de la Chine, la France et la Grande-Bretagne ont renoncé à déposer un projet de résolution : le Conseil de sécurité a adopté une déclaration conjointe qui reprend trois demandes de l’ONU formulées depuis plus de deux mois et restées sans grand effet : arrêt des violences ; accès sans entrave pour l’aide humanitaire dans l’Etat d’Arakan (ou Etat de Rakhine) ; et retour des exilés dans leurs zones d’origine.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a exprimé « sa profonde préoccupation face aux informations sur les violations des droits humains et les abus commis dans l’Etat de Rakhine, y compris par les forces de sécurité birmanes, en particulier contre des personnes appartenant à la communauté rohingya ». Ces violations incluent des meurtres, des abus sexuels et la mise à feu des maisons et des biens des Rohingya dans l’Ouest birman.

« Le Conseil de sécurité appelle le gouvernement de la Birmanie à éviter tout nouvel usage excessif de la force militaire dans l’Etat de Rakhine, à rétablir l’administration civile, à respecter l’état de droit et à prendre immédiatement les mesures conformes aux obligations et aux engagements pour le respect des droits humains », poursuit le texte.

Aucune sanction envisagée

Quelque 900 000 Rohingya sont entassés aujourd’hui dans des conditions insalubres dans des camps de tentes dans le sud du Bangladesh. L’exode de plus de 600 000 d’entre eux depuis la fin d’août a été qualifié par l’ONU d’« épuration ethnique ». La Birmanie a démenti une telle intention, assurant ne vouloir que neutraliser des éléments rohingya extrémistes.

La déclaration réclame aussi au secrétaire général des Nations unies un rapport dans un mois, et souligne la nécessité de mettre en œuvre les conclusions d’une mission de l’ex-secrétaire général de l’ONU Kofi Annan en faveur d’une meilleure reconnaissance des droits des Rohingya, aujourd’hui apatrides.

La déclaration du Conseil de sécurité n’évoque pas l’éventualité de sanctions si aucune réponse n’était donnée à ses demandes, ce que des ONG ont déploré. La politique du Conseil de sécurité devrait être « dictée par les besoins des victimes et la réalité du terrain » et non « par des objections chinoises », a déclaré Akshaya Kumar, de l’ONG Human Rights Watch.