@POTUS est le compte officiel de la présidence, essentiellement utilisé pour des messages lisses et institutionnels émanant de la Maison Blanche et  @realDonaldTrump son compte personnel. / Carlos Barria / REUTERS

Il serait trop facile de dire que Donald Trump n’est qu’un simple troll sur Twitter. Il l’était, sans doute, lorsqu’il n’était qu’un businessman présentateur de téléréalité. Depuis novembre 2016, et son accession à la présidence des Etat-Unis, sa façon de communiquer sur le réseau social n’a que très peu changé, mais l’influence du compte@realDonaldTrump – 42,2 millions d’abonnés – a atteint un degré difficilement imaginable il y a un an.

Oublions@POTUS, le compte officiel de la présidence, essentiellement utilisé pour des messages lisses et institutionnels émanant de la Maison blanche. Le véritable terrain d’expression du président des Etats-Unis est@realDonaldTrump : son compte personnel, ouvert en 2009, et désormais son canal de communication pour exciter sa base électorale, dénigrer ses ennemis, proférer des menaces géopolitiques qui prennent de court ses alliés et même son cabinet, prendre position sur des sujets de société déjà clivants. Et surtout, pour critiquer les médias qu’il haït (SOUVENT EN LETTRES CAPITALES avec un point d’exclamation) et flatter ceux qui le soutiennent.

Depuis un an,@realDonaldTrump est éreintant à suivre au quotidien. Les journalistes les scrutent obsessionnellement chaque jour, les archivent, les contextualisent, essaient d’en tirer une quelconque signification. Ils le laissent dicter le tempo médiatique, pour le meilleur et pour le pire. Car ses messages, mêmes les plus irritants, ne peuvent simplement être ignorés, mis de côté comme les divagations d’un troll. Ce sont des éléments bruts nécessaires pour tenter de comprendre ce qui s’est passé depuis un an, et deviner ce qu’il compte faire pendant les (au moins) trois années qui lui restent à Washington.

Voici les huit tweets les plus marquants/inquiétants/déprimants de cette première année, en attendant la suite.

  • « Je viens d’entendre la ministre des affaires étrangères nord-coréenne parler à l’ONU. S’il répète les pensées du Petit Rocket Man, ils ne seront plus là pour très longtemps ! »

Le président des Etats-Unis aime trouver des surnoms à ceux qu’il veut rabaisser. Pour le dictateur nord-coréen, c’est « Rocket Man ». Le va-et-vient d’insultes entre les Nord-Coréens – sur Twitter, des communiqués ou la tribune des Nations unies à New York – a culminé avec cet échange et des promesses pas très rassurantes de « faute irréversible » et de « destruction totale ».

  • « James Comey a intérêt à ce qu’il n’y ait pas “d’enregistrements” de nos conversations avant qu’il commence à faire fuiter dans la presse ! »

Après avoir été renvoyé, le patron du FBI, James Comey, a dit avoir subi des pressions de la part de Donald Trump, qui lui aurait demandé d’abandonner certains pans de l’enquête sur les liens entre son équipe de campagne et des responsables russes. M. Comey a dit, devant le Congrès, qu’il avait consigné dans des notes le contenu de ses conversations avec le chef de la Maison Blanche.

  • « Il est très important que les joueurs de NFL SE LÈVENT demain, comme toujours, pour notre hymne national. Respectez notre drapeau et notre pays ! »

C’est typiquement le genre de polémique que M. Trump aborde et attise sur Twitter. En exigeant que les joueurs de football américain qui s’agenouillaient pendant l’hymne national soient sanctionnés, il a fait d’une protestation contre le racisme et les brutalités policières commencés avant son mandat un sujet de société clivant.

  • « L’Iran joue avec le feu – ils ne se rendent pas compte à quel point le président Obama était “gentil” avec eux. Pas moi ! »

La rhétorique guerrière à l’intention de l’Iran, illustrée par ce tweet du 13 février, s’est concrétisée des mois plus tard avec l’annonce de la « non-certification » de l’accord sur le nucléaire iranien, signé par Barack Obama. Donald Trump accuse Téhéran de violer « l’esprit » de l’accord en raison de son rôle « déstabilisateur » au Moyen-Orient.

  • « De si mauvaises qualités de dirigeants montrées par le maire de San Juan, et d’autres à Porto Rico, incapables de mettre leurs employés au travail. »

Les destructions provoquées par l’ouragan Maria à Porto Rico, dont les habitants sont Américains sans que ce soit techniquement un Etat, ont amené son lot de discorde politique, L’administration Trump, accusée de lenteur et de négligence, s’en est pris, par l’intermédiaire de son leader, aux autorités locales.

  • « ON SE VERRA AU TRIBUNAL, LA SÉCURITÉ DU PAYS EST EN JEU ! »

Le tweet énervé du petit matin, un classique de@realDonaldTrump. Celui-ci visait un des juges qui avait suspendu la première mouture de son décret anti-immigration qui interdisait le franchissement des frontières aux ressortissants de sept pays, musulmans dans leur majorité. Une troisième version, plus radical mais sera plus difficile à contester, a aussi été largement suspendue.

  • « #FraudNewsCNN »

Pas besoin de mots, parfois un GIF suffit pour continuer sa guerre ouverte contre une partie de la presse, surtout CNN et le New York Times. Le président des Etats-Unis a un passé de catcheur qu’il ressort pour l’occasion et qui montre à quel point le compte Twitter de Donald Trump dicte le tempo médiatique : ce GIF violent et créé par un citoyen lambda sur Reddit a occupé les médias d’info en continu pendant longtemps.

  • « Qui peut deviner ce que “covfefe” veut vraiment dire ??? Amusez-vous bien ! »

Peut-être le point le plus absurde de ce début de mandat, en tout cas sur Twitter. Donald Trump écrit un tweet manifestement inachevé avec ce mot incompréhensible « covfefe » qui devient immédiatement un trending topic dans le monde entier, transformé en blagues, mèmes et méta-mèmes. Ce qui nous prouve déjà, quelques mois après son investiture, que la portée du moindre de ses tweets (surtout les plus débiles) est telle qu’elle exerce une irrésistible force d’attraction et d’attention.