« Tous les étudiants ne sont pas faits pour maths sup et pourtant certains peuvent devenir de très bons ingénieurs », assure Marc Renner, vice-président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi). Si la prépa scientifique reste la voie royale pour accéder aux écoles d’ingénieurs les plus prestigieuses, elle n’est pas la seule.

Pour preuve, selon la Conférence des grandes écoles (CGE), seulement 40 % des diplômés sont passés par une classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) quand près de 22 % choisissent de se former dans un des quelque 80 établissements qui proposent des formations d’ingénieur en cinq ans, accessibles après le bac.

Certains ont une classe préparatoire intégrée, comme les écoles du Groupe INP ­ (réseau français d’écoles publiques d’ingénieurs) ou celles de la Fédération Gay-Lussac, qui regroupe une vingtaine d’écoles de chimie françaises, mais pas tous. « Les écoles en cinq ans ont l’avantage de permettre aux futurs ingénieurs de construire leurs parcours progressivement. Dès la première année, les étudiants reçoivent un enseignement qui mêle théorie et pratique. Finalement ils ont deux ans de plus que les autres pour se former au métier d’ingénieur », argumente Eric Maurincomme, directeur de l’Institut national des sciences appliquées (INSA) de Lyon.

Mais ce n’est pas parce que ces écoles recrutent après le bac qu’il est plus facile d’y entrer et d’y réussir. Marc Renner prévient : « La marche entre le lycée et les écoles est élevée. » Certaines écoles mettent même la barre d’admission très haut. A l’INSA de Lyon, par exemple, « de 80 % à 90 % des entrants en première année ont décroché un bac S avec une mention bien ou très bien. Leur moyenne est autour de 17 sur 20 », précise son directeur.

Assistant ingénieur

Parallèlement à ces écoles en cinq ans, des cursus d’assistant ingénieur s’ouvrent aux bacheliers technologiques. Ainsi, depuis 2014, l’Ecole nationale supérieure des arts et métiers (Ensam) propose un « bachelor en technologie » conçu pour les bacheliers STI2D (sciences et technologies de l’industrie et du développement durable). « Ce cursus accorde une large place à la pédagogie par projet et aux stages », précise Xavier Dufresne, directeur de la formation initiale de l’Ensam. Au bout de trois ans, les diplômés ont accès à des postes d’encadrement intermédiaire, dont le monde professionnel dit avoir besoin.

Dans les faits, sur les quarante-deux diplômés de la première promotion, ils ne sont que quatre à avoir rejoint le marché du travail. Les autres ont fait le choix de poursuivre leurs études. « Nous devons davantage nous rapprocher des entreprises et développer des contrats de professionnalisation de façon à encourager les jeunes à s’insérer une fois leur diplôme en poche », admet Xavier Dufresne. Si beaucoup d’écoles d’ingénieurs réfléchissent encore à proposer un bachelor, certaines ont franchi le pas. A l’instar de l’Ecole supérieure d’électronique de l’Ouest (ESEO), qui propose depuis la rentrée 2016 un diplôme en trois ans intitulé « solutions numériques connectées ».

L’X à la conquête des internationaux

L’Ecole polytechnique s’y est mise également, mais avec un objectif très différent. ­Depuis la rentrée, il est en effet possible d’y préparer un « bachelor » en trois ans. Le cursus, entièrement en anglais, se veut un tremplin pour la poursuite d’études, à l’X ou ailleurs. « Avec ce bachelor, nous voulons attirer des étudiants internationaux et les bacheliers français de très bon niveau, qui ne viennent pas dans les formations françaises de premier cycle, leur préférant des bachelors d’universités souvent anglo-saxonnes », indique Frank Pacard, directeur de l’enseignement et de la recherche de l’X.

Cette année, 71 étudiants ont rejoint le programme, dont 52 % d’internationaux, de 31 nationalités, dont certaines inédites, pour ne pas dire exotiques, dans ce temple de l’élite républicaine (Albanie, Géorgie, Lituanie, Slovénie, Afrique du Sud…).

Pour l’heure, le bachelor est un diplôme d’établissement, « mais nous sommes en discussion avec le ministère pour obtenir le grade licence », annonce Frank Pacard. Si les étudiants du cycle ingénieur touchent une solde durant toute la durée de leurs études, ceux du programme bachelor devront, eux, s’acquitter de frais de scolarité qui se situent entre 12 000 euros (pour les ressortissants de l’Union européenne) et 15 000 euros l’année. La sélection reste de mise à l’X, mais elle a changé de forme.

Participez au Salon des grandes écoles « Le Monde », samedi 11 et dimanche 12 novembre

Ecoles d’ingénieurs et de commerce, avec ou sans prépa, Sciences Po et les IEP, grandes écoles spécialisées et filières universitaires comme les IAE… Cent quatre-vingt-cinq établissements d’enseignement supérieur seront présents au Salon des grandes écoles du Monde, samedi 11 et dimanche 12 novembre, aux Docks (Paris 13e). Les lycéens de première, de terminale, les élèves de classes préparatoires, les étudiants bac + 2 et bac + 3 pourront y rencontrer des responsables de formations et des élèves des différents établissements.

Une vingtaine de conférences animées par des journalistes du Monde, ainsi que des séances de coaching sont également au programme. Ainsi, un chatbot surnommé « Arsene » facilitera cette année les inscriptions et permettra de poser des questions pendant l’événement.

Entrée libre, informations et préinscription (recommandée) sur www.salon-grandes-ecoles.com