Il devenait urgent de trouver un nouveau patron pour la Caisse des dépôts (CDC). Depuis le 23 août, il revenait en effet à Pierre-René Lemas, le directeur général sortant, d’assurer l’intérim, en attendant que l’Elysée lui trouve un successeur. Ce serait désormais chose faite. Eric Lombard, ancien patron des compagnies d’assurances Cardif (groupe BNP Paribas), puis de Generali France, qui faisait, depuis plusieurs semaines, figure de grand favori, serait sur le point d’être désigné.

Désormais, l’exécutif n’attendrait plus, pour officialiser son choix, que le feu vert de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), selon une information publiée, mercredi 8 novembre, par Le Figaro. L’instance aurait été saisie il y a quelques jours. C’est à elle qu’il reviendra de dire si le fait que le député (LREM) Gilles Le Gendre – nouveau président de la commission de surveillance de la Caisse des dépôts – a, par le passé, conseillé Generali France, maison que vient de quitter Eric Lombard, est un obstacle à sa mission de surveillance.

Après cette étape, les commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat devront encore valider la décision de l’Elysée, avant une nomination officielle par décret du président de la République.

« C’est un excellent financier »

Le choix du futur patron de la CDC, qui alimente la chronique depuis l’été, n’a pas été une affaire simple. L’exécutif, qui s’est emparé du sujet, début juillet, a eu la surprise d’essuyer plusieurs refus de la part de plusieurs grands commis de l’Etat. « Ensuite, l’Elysée a hésité entre deux profils : un candidat solide, classique, ou un choix de rupture pour transformer la Caisse en profondeur, avec, toutefois, un risque d’exécution », explique un bon connaisseur du dossier.

Eric Lombard, s’il devient in fine directeur général de la CDC, se rangera dans la première catégorie. « C’est un excellent financier, or la Caisse est une institution financière. Et c’est le candidat du système, il connaît tout le monde, affirme une source proche de la CDC. Président du comité d’audit de Bpifrance, il a le plein soutien [du directeur général de celle-ci], Nicolas Dufourcq, et il est proche de Philippe Wahl, le PDG de La Poste, et de Gilles Le Gendre. »

« C’est vrai qu’Eric Lombard est soutenu de tous les côtés, mais on ne peut pas dire que c’est le candidat de la place, en premier lieu parce qu’il n’est ni inspecteur des finances ni même énarque, ce qui, en France, n’est pas un atout », tempère un haut fonctionnaire. Ce dernier explique le consensus qui se dessine autour de l’ancien assureur par « son ouverture d’esprit, sa réputation d’intégrité et son inclinaison sincère pour l’intérêt général ».

Maintenir l’autonomie

Eric Lombard est même « l’une des rares personnes qui peut parler avec chaleur avec Emmanuel Macron et avec Michel Sapin », commente un de ses proches, alors que les deux hommes ne s’apprécient guère, depuis qu’ils se sont côtoyés à Bercy, sous le précédent quinquennat.

Diplômé d’HEC, Eric Lombard a été conseiller ministériel de Michel Sapin de 1991 à 1993, dont il est resté très proche. Il est, dans le même temps, l’un des piliers des Gracques, ce think tank qui souhaite une rénovation de la gauche française autour de valeurs sociales-libérales.

L’homme a construit sa carrière dans la finance. D’abord chez BNP Paribas, où il a, dans un premier temps, été banquier (responsable des fusions-acquisitions banque-assurance au milieu des années 1990), puis assureur, en dirigeant la filiale Cardif, avant de prendre, en 2013, les rênes de Generali France. Un mandat qui a pris fin au printemps, lorsque le patron fraîchement nommé à la tête du groupe Generali, Philippe Donnet, a préféré placer un de ses proches à la tête de sa filiale française.

Si Eric Lombard s’empare de la Caisse des dépôts, il aura à respecter la feuille de route élaborée par l’exécutif. En octobre, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a en effet prévenu que le processus de nomination à la tête de la CDC prenait du temps, « car il ne s’agit pas de gérer l’institution, mais de la réinventer ». Il lui reviendra également de maintenir l’autonomie de la maison à l’égard d’un pouvoir centralisateur.