Dans un rapport très attendu, des experts de l’ONU et de l’OIAC ont estimé le 26 octobre que le régime de Damas était bien responsable de l’attaque de Khan Cheikhoun. / Kim Haughton / AP

Une attaque présumée au sarin survenue le 30 mars, dans la localité de Latamné, en Syrie, cinq jours avant l’attaque meurtrière de Khan Cheikhoun « porte les marques du régime syrien », affirment, mercredi 8 novembre, Washington, Paris, Londres et Berlin.

Dans une déclaration commune, le Britannique Boris Johnson, le Français Jean-Yves Le Drian, l’Allemand Sigmar Gabriel et l’Américain Rex Tillerson déclarent que la Syrie, qui a « violé le droit international » en utilisant des armes chimiques, devra rendre des comptes et relèvent que :

« L’OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques) vient d’indiquer qu’une attaque au sarin dans la ville d’Al Lataminah (ou Latamné) en Syrie a « probablement eu lieu », juste une semaine avant l’attaque de Khan Cheikhoun et à seulement 15 kilomètres de distance. L’attaque décrite porte les marques du régime syrien. »

L’OIAC, basée à La Haye, a évoqué le 4 octobre un « incident » impliquant « l’utilisation ou l’exposition au sarin » dans cette localité de Latamné le 30 mars, et fait état de cinquante blessés mais pas de morts.

Le 4 avril, un raid aérien avait frappé Khan Cheikhoun, petite ville contrôlée par des rebelles et des djihadistes dans la province d’Idleb, faisant 83 morts, selon l’ONU, et 500 blessés. Dans un rapport très attendu, des experts de l’ONU et de l’OIAC ont estimé le 26 octobre que le régime de Damas était bien responsable de l’attaque de Khan Cheikhoun. La Russie, alliée de Damas, a rejeté ces conclusions, tout comme le régime syrien qui a toujours nié toute implication.

Bras de fer autour de la mission d’enquête sur Khan Cheikhoun

Les quatre ministres ont réitéré, par ailleurs, l’appel des Occidentaux à renouveler la mission d’enquête internationale sur les armes chimiques en Syrie, qui fait l’objet d’un bras de fer avec Moscou. Le mandat – appelé JIM – des enquêteurs de l’ONU et de l’OIAC qui ont conclu à la responsabilité de Damas dans l’attaque arrive à échéance le 16 novembre.

« Il est essentiel que la communauté internationale continue d’enquêter sur les cas d’emploi d’armes chimiques en Syrie », ont déclaré les quatre ministres en soulignant que la responsabilité du groupe Etat islamique avait aussi été pointée du doigt dans certaines attaques chimiques.

La Russie se dit prête à autoriser les enquêteurs à poursuivre leur travail pendant six mois, sous condition qu’ils gèlent leur rapport sur Khan Cheikhoun et que la composition de leurs équipes, jugées peu objectives, soit revue.

Londres a accusé Moscou de vouloir « tuer » le groupe d’experts de l’ONU et de l’OIAC. Dans un projet de résolution concurrent de celui de la Russie, les Etats-Unis demandent un renouvellement pour dix-huit mois du mandat du JIM.