Millie Bobby Brown, Eleven dans la série Stranger Things, est devenue une star à 13 ans. A peine adolescente, elle ne compte plus les couvertures de magazines et les shootings prestigieux. Sa jeunesse est d’ailleurs en partie un argument marketing, il suffit de regarder le dernier Officiel et sa « une » sur « Millie Bobby Brown, 13 ans, l’élue de la mode » :

Il n’est pas rare de voir une adolescente en couverture d’un magazine, et, à en juger par ses photographies sur Instagram (récemment devenues privées), Millie Bobby Brown semble profiter de cette opportunité d’arborer des vêtements de créateurs. La deuxième saison de la série de Netflix, qui vient d’être diffusée, a amené une nouvelle période de promotion, et d’exposition pour leurs jeunes acteurs. Avec celle-ci, pas mal de commentaires s’inquiétant de voir la jeune actrice « sexualisée » prématurément à des fins de marketing.

Des commentaires difficiles à gérer

Pour la première de la 2e saison, Millie Bobby Brown portait une robe noire, des chaussures à talons et un maquillage soigné : l’ensemble la faisait paraître beaucoup, beaucoup plus âgée.

Un dirigeant de NBC Universal, Mike Sington, a partagé cette image sur Twitter avec le commentaire :

« Millie Bobby Brown vient de devenir une adulte, sous nos yeux (elle a 13 ans !). »

Même s’il a rapidement rectifié le tir, son tweet lui a valu des réponses énervées, dont celle d’une ancienne enfant star, Mara Wilson. Celle qui avait joué dans Madame Doubtfire a expliqué le malaise que pouvait ressentir une adolescente en voyant des « fans » adultes commenter son apparence physique.

« Ce n’est pas agréable, quand on a 13 ans, de voir des hommes qui sont de complets étrangers faire des commentaires sur votre corps, que ceux-ci soient positifs ou négatifs. »

Dans la longue tradition des ados maquillées et grimées pour faire plus vieilles jusqu’à un degré gênant, on se rappellera Britney Spears, 17 ans, en sous-vêtements à la « une » de Rolling Stones, en 1999. Ou le portrait nu de Miley Cyrus à l’âge de 15 ans par Annie Leibovitz pour Vanity Fair.

Une pression pour paraître « sexuellement disponible »

Millie Bobby Brown, lors de la première de la 2e saison de « Stranger Things », à Los Angeles (California), le 26 octobre. Cette série d’images déclenchera la polémique sur l’hypersexualisation des jeunes actrices. / JORDAN STRAUSS / Invision / AP

Les actrices, chanteuses et autres personnages publics qui se prêtent au « jeu » des photos où elles paraissent plus que leur âge dans un but promotionnel, y ont bien sûr consenti. Dakota Fanning comme Miley Cyrus disent, par exemple, qu’elles ne voient pas le problème avec ces photographies.

Le problème, note Sharon Lamb, professeuse de psychologie interrogée par Mashable, c’est que les jeunes actrices font souvent face à des pressions pour accélérer leur sexualisation, dans un but professionnel, pour les rendre disponibles à un panel de rôles plus larges. Or, à cet âge, « explorer sa féminité et sa sexualité est normal pour une adolescente, c’est même drôle et excitant pour elles », explique la spécialiste. Tout dépend ensuite de ce que l’actrice décide d’elle-même.

La même chose vaut pour les garçons du même âge, également en pleine maturation. Finn Wolfhard, 14 ans, autre star de Stranger Things, s’est récemment fait draguer par un mannequin de 27 ans qui a dit qu’il pourrait « l’aborder dans quatre ans ». Cela l’a surtout mis mal à l’aise.

Le débat autour des images de Millie Bobby Brown survient dans un contexte de grande tension à Hollywood, où, dans la foulée de l’affaire Harvey Weinstein, la protection des mineurs qui évoluent dans le milieu du cinéma est une préoccupation grandissante. En 2016, Elijah Wood avait dénoncé un vaste problème de pédophilie à Hollywood, tout en admettant qu’il n’en avait jamais été directement témoin ou victime.