Niels Högel a déjà été condamné à la perpétuité en 2015 pour deux meurtres et quatre tentatives s’étant soldées par la mort des patients. / CARMEN JASPERSEN / AP

Il est considéré comme le plus grand criminel de l’après-guerre en Allemagne. Niels Högel, un infirmier allemand, déjà condamné à la perpétuité en 2015 pour deux meurtres et quatre tentatives s’étant soldées par la mort des patients, est désormais soupçonné d’être à l’origine de 106 morts, ont annoncé, jeudi 9 novembre, les enquêteurs, évoquant cette affaire exceptionnelle.

Des expertises toxicologiques sont encore en cours pour cinq autres cas suspects en Allemagne, ont précisé le parquet et la police d’Oldenbourg, en Basse-Saxe, dans un communiqué commun.

Un porte-parole du parquet a précisé qu’une « exhumation avait été demandée aux autorités turques dans trois cas » de morts suspectes. Ces personnes, mortes en Allemagne, ont été enterrées en Turquie. « Une mise en accusation par le parquet de Niels (Högel) devrait vraisemblablement survenir au début de l’année prochaine », selon ce communiqué.

Unique dans l’histoire de la République fédérale

A la fin d’août, les enquêteurs avaient annoncé que cet infirmier était soupçonné d’avoir tué au moins 90 patients, et peut-être même deux fois plus. Certains cas restent impossibles à prouver, malgré les exhumations et les centaines de témoignages recueillis, avaient-ils toutefois admis.

Le chef de l’enquête, Arne Schmidt, avait jugé cette affaire « unique dans l’histoire de la République fédérale » en raison de son ampleur. C’est « effrayant, cela dépasse tout ce que l’on aurait pu imaginer », avait renchéri Johann Kühme, chef de la police d’Oldenbourg.

Niels Högel, 41 ans, a le plus souvent tué des patients à l’aide de surdoses médicamenteuses injectées provoquant des arrêts cardiaques lorsqu’ils étaient en réanimation dans deux établissements à Oldenbourg (1999-2002) et Delmenhorst (2003-2005). Les enquêteurs le suspectent de 38 homicides à Oldenbourg et de 62 à Delmenhorst, et s’interrogent sur 5 autres cas. Il n’avait pas de « préférences » d’âge ni de sexe pour ses victimes sinon qu’il « préférait les patients se trouvant dans un état très critique », avait exposé M. Schmidt.

« Pouvoir » sur les patients

Pendant son procès à Oldenbourg, il avait présenté ses excuses aux proches des victimes. Les injections par piqûres qu’il pratiquait servaient à amener les patients au seuil de la mort, afin de démontrer sa capacité à les ramener à la vie, avait-il expliqué, invoquant comme autre mobile « l’ennui ».

L’affaire avait éclaté en 2005, lorsque l’infirmier avait été surpris par une collègue en train de faire une piqûre non prescrite à un patient dans la clinique de Delmenhorst, ce qui lui avait valu en 2008 sa première condamnation pour tentative de meurtre.

L’enquête avait été relancée en janvier 2014 car l’intéressé avait admis auprès d’un codétenu une cinquantaine d’homicides. Par la suite, il avait dit à un expert psychiatre avoir commis une trentaine de meurtres et une soixantaine de tentatives.

Cette affaire est cependant aussi celle des dysfonctionnements dans les deux cliniques où l’infirmier a pu opérer. Bien que les morts de patients aient eu lieu le plus souvent alors que Niels Högel était de service, aucun mécanisme interne n’a donné l’alerte.