A propos des « revenants », le procureur de Paris explique : « Je n’ai pas perçu véritablement de regret dans ce que j’ai entendu. » / FRANCOIS GUILLOT / AFP

A trois jours des cérémonies au cours desquelles Emmanuel Macron se rendra sur les lieux des attaques du 13 novembre 2015 pour rendre hommage aux 130 morts et plus de 350 blessés, le procureur de Paris, François Molins, à la tête du parquet antiterroriste, a espéré que l’éventuelle capture de djihadistes en zone irako-syrienne, puisse permettre d’éclairer certaines zones d’ombre demeurant dans l’enquête sur ces attentats.

« Il y a toujours des zones d’ombre dans les dossiers. (…) On peut toujours espérer que l’arrestation de certaines personnes, si elles acceptent de coopérer et de parler, puisse apporter des éléments positifs et des clés de lecture supplémentaires pour comprendre tout ce qu’il s’est passé », a déclaré sur Franceinfo M. Molins, vendredi 10 novembre.

« Cellule terroriste d’une ampleur inédite »

Selon lui, ces témoignages pourraient notamment être utiles pour « éclairer soit le rôle de certains qu’on cherche et qu’on continue à chercher aujourd’hui, soit l’organisation de cette association terroriste et toutes les activités criminelles qui ont été les siennes ».

Une quinzaine de suspects sont mis en examen ou visés par un mandat d’arrêt dans cette enquête tentaculaire. « On a vraiment été confrontés dans ce dossier à une cellule terroriste d’une ampleur inédite, avec des investigations qui ont révélé de très fortes connexions entre les attentats (…) du 13-Novembre, mais aussi d’autres attentats en France et en Belgique », a dit M. Molins.

Quelque 690 djihadistes français en Irak et en Syrie

Sur la question des individus revenant des zones de combat irako-syriennes, le procureur de Paris a jugé « pragmatique » l’examen « au cas par cas » de leur dossier préconisé par Emmanuel Macron. « Il faut se départir de toute naïveté » concernant les djihadistes et les membres de leur famille, a dit le magistrat.

Au retour de certains, « je n’ai pas perçu véritablement de regret dans ce que j’ai entendu », a-t-il ajouté, estimant que de manière générale « on est face à des gens qui sont plus déçus que repentis ».

D’après les estimations des services de renseignement, 690 djihadistes français se trouvent actuellement en Irak et en Syrie, dont 295 femmes et 28 mineurs de plus de 15 ans. « Certains ont été formés au maniement des armes [et] dans le même temps les appels au djihad s’adressent aussi aux femmes et aux mineurs », a rappelé François Molins. Le procureur a aussi mis en avant la souveraineté des Etats dans lesquels les djihadistes français ont été capturés.