Marc Shmuger, directeur général d’EuropaCorp, le studio de Luc Besson, a annoncé, vendredi 10 novembre, qu’il arrêtera sa mission au 31 décembre, comme le prévoyait son contrat. Il poursuivra sa collaboration avec le groupe en tant que consultant et producteur d’Anna, le prochain film du réalisateur du Grand Bleu.

Toujours basé à Los Angeles, Marc Shmuger était arrivé à la tête d’EuropaCorp début 2016 pour une mission de six mois, trois fois renouvelée. Luc Besson reprend lui-même la présidence et la direction générale de son groupe, « pour une période limitée dans le temps, à partir du 1er janvier 2018 », précise le groupe.

Ce départ fait suite à celui d’Edouard de Vésinne, directeur général délégué, parti en septembre « pour développer sa société de production » (Le Monde du 7 septembre). Ce dernier n’est toujours pas remplacé et Luc Besson, président du conseil d’administration, reprend donc provisoirement deux autres casquettes. Ces départs s’inscrivent dans un contexte de grande fragilité du studio hexagonal.

Un cuisant revers pour « Valérian » outre-Atlantique

Après un deuxième exercice déficitaire et des pertes qui se sont gravement creusées à hauteur de 120 millions d’euros pour 144 millions de chiffre d’affaires lors de l’exercice 2016/2017, la direction d’EuropaCorp n’arrive pas à relever la barre. Fin octobre, les perspectives préliminaires de résultats 2017/2018 font à nouveau état « d’une perte attendue » pour les six premiers mois de son exercice fiscal, mais aussi pour l’intégralité de l’année.

Valérian et la Cité des mille planètes, au budget faramineux (197 millions d’euros déclarés au Centre national de la cinématographie) en est une cause. Pas la seule. « La perte attendue s’inscrit dans la continuité des résultats décevants au box-office américain déjà annoncés au cours de l’exercice précédent ». Près de 120 millions d’euros de pertes avaient été imputables directement aux échecs en salles de films en langue anglaise comme Miss Sloane, The Circle, Shut in (Oppression en français) ou Nine lives (Ma vie de chat), qui n’avaient pas couvert les frais de sortie demandés par les distributeurs. En dépit de 225 millions de dollars de recettes mondiales fin octobre, Valérian a essuyé un cuisant revers outre-Atlantique où il a plafonné à 40 millions de dollars (34 millions d’euros) de recettes. Ce qui ne suffit pas à le rentabiliser dans ce pays.

« Eviter une catastrophe industrielle »

Malgré un coup de vis dans les frais généraux, la recherche de nouvelles lignes de crédits, l’arrivée du groupe chinois FF Motion Invest (filiale de Fundamental Films) dans le capital comme deuxième actionnaire ou encore une remise à plat des partenariats de distribution aux Etats-Unis « pour éviter une catastrophe industrielle » selon la direction d’EuropaCorp, le compte n’y est toujours pas. Les cessions d’actifs se multiplient pour tenter de renflouer les caisses.

Après les salles de cinéma et les œuvres musicales d’une centaine de films, la société de Luc Besson envisagerait de vendre son pôle de production audiovisuelle. La branche hexagonale issue du rachat de Cipango en 2010 (qui comprend la série Section Zéro ainsi qu’Arthur et les Minimoys) serait à vendre, selon Les Echos et BFM Business. Tout comme le catalogue des 500 films issus du rachat de Roissy Films. EuropaCorp ne fait aucun commentaire.