Patrice Evra, ramené au calme par Rolando, avait frappé un supporteur d’un coup de pied spectaculaire avant le match face à Guimaraes. / Luis Vieira / AP

Patrice Evra n’est plus un joueur de l’Olympique de Marseille : le club a annoncé vendredi 10 novembre la fin de sa collaboration avec l’ancien capitaine de l’équipe de France, auteur huit jours plus tôt d’un coup de pied spectaculaire contre un supporteur.

« Le contrat du joueur est officiellement résilié avec effet immédiat », dit l’OM dans un communiqué transmis quelques minutes après l’annonce de sa suspension par l’UEFA. L’instance a suspendu Evra de toutes compétitions européennes jusqu’au 30 juin 2018 et l’a sanctionné d’une amende de 10.000 euros. Il n’est pas, à ce jour, empêché de participer à d’autres compétitions.

« Il y a de la tristesse »

Le joueur de 36 ans avait asséné un coup de pied à un supporter injurieux avant la défaite chez les Portugais de Guimaraes (1-0). Son geste lui avait valu d’être exclu avant le coup d’envoi, une première dans l’histoire de la compétition.

Dimanche contre Caen (5-0) le divorce était officialisé par les supporters, qui ont insulté l’international français arrivé à Marseille en janvier. Ils ont notamment déployé des banderoles sans appel: « Tu t’es cru au-dessus de l’institution OM (...) Evra casse-toi ».

La séparation à l’amiable a rendu moins cruciale la nécessité d’une entrevue entre Patrice Evra et le président du directoire de l’OM, Jacques-Henri Eyraud, que s’il s’était agi d’un licenciement. Selon l’AFP, citant l’entourage du joueur, les deux hommes ne se sont pas rencontrés vendredi comme attendu. Evra ne s’est pas non plus rendu à Nyon au siège de l’UEFA.

« Aujourd’hui, il y a de la tristesse. Pour Patrice Evra d’abord, qui a bien évidemment compris toutes les conséquences de son geste et qui ne pourra plus exercer sa passion à l’Olympique de Marseille », a déclaré le président de l’OM, Jacques-Henri Eyraud, cité dans le communiqué du club.

« Pour les supporters marseillais ensuite, qui sont stigmatisés à cause du comportement irresponsable d’une poignée d’entre eux. Pour l’institution enfin, dont la réputation est entachée alors qu’elle a fait de l’exemplarité des comportements de tous un des socles essentiels de son projet de relance », a poursuivi M. Eyraud.

Pris en grippe

Cet épisode pourrait conclure la carrière au plus haut niveau de Patrice Evra, l’un des plus grands palmarès du football français : cinq titres de champion d’Angleterre et trois d’Italie, une Ligue des champions remportée avec Manchester United et quatre finales perdues. Capitaine des Bleus durant le naufrage de Knysna, il connut plus d’heures sombres de l’équipe de France que de bons moments, bien qu’il honora l’avant-dernière de ses 81 sélections en finale de l’Euro 2016, perdue face au Portugal (0-1).

Recruté en janvier 2017 pour apporter de l’expérience au vestiaire marseillais, Evra s’est surtout signalé à Marseille par de piètres performances sportives et d’étonnantes vidéos diffusées chaque semaine sur les réseaux sociaux. Le Vélodrome l’a rapidement pris en grippe, au point que l’entraîneur Rudi Garcia s’ingénie à lui épargner des matches à domicile.

Il était logique, dès lors, qu’Evra connaisse un sort différent de celui que Manchester United avait réservé à Eric Cantona, légende du club ayant asséné un violent coup de pied à un supporteur adverse en 1995. A l’époque, le « King » de Manchester United avait été suspendu neuf mois et condamné à cent vingt heures de travaux d’intérêt collectif. Mais Sir Alex Ferguson avait soutenu et conservé dans son effectif celui qui, à son retour de suspension, lui apporterait deux titres de champion supplémentaires.