Après une forte chute du cours de Bourse d’Altice (– 34 % en cinq séances et plus de 50 % depuis juin), Patrick Drahi, le proriétaire du groupe de télécommunications et de médias, a décidé, jeudi 9 novembre, d’en remanier fortement la direction, tout particulièrement celle de la filiale SFR, l’opérateur de téléphonie mobile. Retour sur cinq moments clés dans l’ascension d’Altice, dont l’avenir apparaît, aujourd’hui, quelque peu fragilisé.

Patrick Drahi, en avril 2016. / BENOIT TESSIER / REUTERS

2002

Patrick Drahi entame la construction de son empire, qu’il appellera Altice. Il rachète l’opérateur de câble local Est Videocommunications. Puis met la main sur tous les opérateurs locaux français. En 2007, il crée Numericable, au prix d’un endettement important.

2014

L’homme d’affaires réussit à convaincre Vivendi de lui vendre SFR. Une victoire au nez et à la barbe de Bouygues, également sur les rangs. David vient de l’emporter contre Goliath, tant Numericable fait figure de nain par rapport au deuxième opérateur télécoms français. Le montant de l’opération atteint 13,5 milliards d’euros en cash, alourdissant la dette du groupe.

2015

Patrick Drahi donne le coup d’envoi à sa stratégie dans la convergence. Selon ce précepte, les contenus sont censés attirer de nouveaux abonnés. Il rachète NextRadioTV, propriété d’Alain Weill, qui possède BFM-TV. Il reprend aussi le groupe Express-Expansion. Mais les experts sauront qu’il est vraiment sérieux au moment du rachat de la Premier League anglaise, le championnat anglais de football qu’il subtilise à Canal+ au prix d’un gros chèque de 120 millions d’euros par saison. Nouveau cataclysme en 2017, avec le rachat de la Champions League, le championnat européen de football pour 350 millions d’euros par an.

2016

Altice prend un nouveau tournant en bouclant la reprise de CableVision, un opérateur de câble présent dans l’Etat de New York. Prix de la transaction : 17 milliards de dollars (14,6 milliards d’euros). Quelques mois avant, il avait mis un pied dans la porte, en rachetant Suddenlink. Au total, l’addition s’est élevée outre Atlantique à 24 milliards d’euros. La dette atteint un sommet à 50 milliards d’euros.

2017

C’est l’heure de vérité pour Patrick Drahi. Trois ans après le rachat de SFR, l’homme d’affaires n’a pas encore réussi à redresser la barre. Les abonnés continuent de partir. Un camouflet par rapport aux ambitions initiales, lorsque le milliardaire disait vouloir recruter 6 millions de clients en trois ou quatre ans. Le Portugal, où le groupe a racheté l’opérateur historique, fait aussi grise mine. Aux Etats-Unis, la stratégie de réduction des coûts produit des résultats flatteurs. Mais là-bas non plus, rien n’est gagné. Les clients commencent à bouder tous les opérateurs de câble et leurs coûteux abonnements à Internet, leur préférant des accès moins chers.