« Bienvenue ches les Loud », série créée par Chris Savino . Sur Gulli.fr. | GULLI.FR

LES CHOIX DE LA MATINALE

Cette semaine, il y en a pour les yeux et les oreilles, avec un documentaire sur l’influence des chants, danses et rythmes autochtones sur la musique populaire américaine et un concert filmé du Requiem de Jean Gilles. Tout aussi poignant : l’adaptation en film du livre de Flavie Flament sur le viol dont elle a été victime à 13 ans. Et pour les enfants, Bienvenue chez les Loud la série animée pleine de folie mettant en scène un garçon au milieu de ses dix sœurs.

« Rumble » : l’influence amérindienne sur le rock et le blues

RUMBLE: The Indians Who Rocked the World – Trailer
Durée : 02:33

En préambule de leur film, Catherine Bainbridge et Alfonso Maiorana indiquent que, en 1907, le gouvernement américain avait demandé à des ethnologues d’enregistrer les musiciens autochtones à travers l’Amérique du Nord, persuadé que leurs musiques et leurs cultures n’allaient pas survivre. Mais, cent dix ans après, leurs chants, danses et rythmes n’ont jamais été aussi présents et aussi influents dans la musique populaire américaine, particulièrement dans le blues et le rock’n’roll. C’est ce que racontent les deux réalisateurs à travers le documentaire Rumble, récompensé, cette année, par le Prix spécial du jury au festival de Sundance (Etats-Unis).

Illustré par nombre d’­archi­ves et de témoignages d’historiens, de critiques musicaux et de grands passionnés de rock’n’­roll (Martin Scorsese, Steven Van Zandt, gui­tariste de Bruce Spring­steen et acteur dans les ­séries Les Soprano et Lilyhammer, Iggy Pop, les musiciens George Clinton et Quincy Jones ou le poète, activiste et musicien John Trudell), le documentaire réhabilite cette musique qui a façonné le rock et le blues grâce aux nombreux musiciens et chanteurs d’origine amérindienne (Link Wray, Charley Patton, Mildred Bailey, Robbie ­Robertson, Buffy Sainte-Marie, et ­Taboo, des Black Eyed Peas). Daniel Psenny

« Rumble », documentaire de Catherine Bainbridge et d’Alfonso Maiorana (Canada, 2016, 102 minutes). Sur Arte + 7.

Le « Requiem » de Gilles, entre lumière et ténèbres

Gilles - Requiem / Post-Communion - Skip Sempé
Durée : 04:26

Le Requiem de Jean Gilles (1668-1705), compositeur sudiste du baroque français, est l’une des messes des morts les plus connues et aimées, avec les requiems de Mozart et de Fauré. Ainsi que pour celui de Mozart, pas mal de fables entourent sa création. L’on sait que son confrère Michel Corrette l’accompagna d’un Carillon des morts pour une édition. C’est cette version que donnait Skip Sempé, à la tête de ses ensembles Capriccio Stravagante Les 24 Violons, avec le concours de solistes vocaux et du chœur Capella Cracoviensis au cours de ce concert filmé dans le cadre du Festival Misteria Paschalia à Cracovie (Pologne).

On sait aussi que cette œuvre, où la lumière jouxte les expressions ténébreuses, fut jouée aux obsèques de Jean-Philippe Rameau (version étonnante, avec ajouts ramistes, que Skip Sempé a d’ailleurs enregistrée). Des pièces instrumentales de Marc-Antoine Charpentier, dans le ton de la déploration, et le sublime chœur conclusif de Jephté de Carissimi encadrent le Requiem : un étrange mais convainquant assemblage. Renaud Machart

« Requiem de Gilles », par Caroline Weynants (dessus), Clément Debieuvre (haute-contre), Davy Cornillot (taille), Lisandro Abadie (basse), Capella Cracoviensis, Capriccio Stravagante Les 24 Violons, Skipe Sempé (direction). Sur Culture Box à la demande.

« La Consolation », un viol longtemps refoulé

En octobre 2016, Flavie Flament publiait La Consolation (JC Lattès). Dans ce livre autobiographique, l’animatrice révélait avoir été violée, à 13 ans, par un photographe « mondialement connu ». Les faits s’étaient produits à plusieurs reprises en 1987 au Cap d’Agde (Hérault), où elle passait des vacances en famille.

Il fallait beaucoup de tact pour adapter le livre à la télévision. La réalisatrice Magaly Richard-Serrano – également coscénariste avec Flavie Flament – en a fait preuve à chaque étape : direction d’acteurs, mise en scène, montage. Et surtout, elle a construit La ­Consolation au fil de flashbacks dictés par le flux des souvenirs qui reviennent à l’héroïne dans le ­cabinet de son psychanalyste. Or les premières réminiscences décrivent une enfance « normale, classique, heureuse ». Ce n’est qu’en avançant dans la thérapie que surgissent certains faits moins joyeux – la mère toute-puissante, humiliante, manipulatrice ; le père fermé, le sexe évoqué crûment en famille. Des détails qui contaminent progressivement le climat du film.

Cette délicate montée en puissance de la dramaturgie contribue pour beaucoup à l’élégance que soutient cette adaptation, dès les premiers plans et jusqu’à l’évocation finale du viol, enfoui, oublié durant vingt-cinq ans. Et émergeant des tréfonds de l’inconscient, après plus d’une heure, devant nos yeux. Véronique Cauhapé

« La Consolation », film de Magaly Richard-Serrano. Avec Lou Gable, Emilie Dequenne, Léa Drucker (France, 2017, 90 minutes). Sur Pluzz.

« Bienvenue chez les Loud », Lincoln et ses dix sœurs

Bienvenue chez les Loud | Les frères Loud | NICKELODEON
Durée : 02:13

Attention danger. L’univers dans lequel vous allez entrer est fait de bruit et de fureur. Car dans la famille Loud, rien ne peut aller de soi. Si ce n’est le grand bordel qu’elle génère. Et pour cause. Outre les parents, la tribu compte onze enfants : un garçon, Lincoln, et… ses dix sœurs. Autant dire que la vie n’est pas simple pour Lincoln, 11 ans. Heureusement, grâce à une bonne dose d’humour, d’un courage et d’une énergie de titan, le gamin parvient à se sortir de toutes les situations. Ou presque.

Chaque épisode de cette série animée – dont le graphisme et l’esprit sont très inspirés de la bande dessinée – met en scène le quotidien et les relations fraternelles parfois chaotiques de cette bande dont l’un des talents consiste à mettre la maison sans dessus dessous. Pendant que Lincoln, lui, tente de se débrouiller pour gagner quelques plages de tranquillité.

Elu meilleur dessin animé aux Kids’ Choice Awards 2017, Bienvenue chez les Loud, créée par Chris Savino, déjà producteur de séries à succès telles que Les Super Nanas, entraîne son petit monde dans un tourbillon de folie. Le téléspectateur en sort ébaubi. V. Ca.

« Bienvenue ches les Loud », série créée par Chris Savino (France, 2017, 38 x 12 minutes). Sur Gulli.fr.