Interpellé sur ses liens avec l’islamologue et théologien Tariq Ramadan visé par deux plaintes pour viol, et avec qui il a écrit deux ouvrages, le sociologue et philosophe Edgar Morin a voulu écarter toute accusation de complaisance, dimanche 12 novembre, lors du Forum philo Le Monde Le Mans.

« C’est la justice qui va permettre d’éclairer le phénomène. (…) Je suis de ceux qui attendent des informations complémentaires et des éclaircissements de la justice », a-t-il affirmé tout en condamnant « toute humiliation subie par qui que ce soit et surtout les humiliations sur le corps des femmes et, bien sûr, des enfants ».

« La question du viol est pour ma personne impossible, car, dans mon passé, je n’ai pu faire l’amour qu’en ayant le désir dans le regard de l’autre et je n’ai jamais éprouvé le plaisir de la domination et de la force », a-t-il voulu ajouter.

Il ne joue pas un « double jeu »

Quant à savoir si Tariq Ramadan jouait un double jeu, comme a pu l’affirmer Caroline Fourest dans Marianne, Edgar Morin a estimé que l’islamologue a « évolué » et ne jouait pas un « double jeu ».

« Quand on considère tous les extraits de tous ses papiers à différentes époques, moi, je pense qu’il a évolué. Le Tariq Ramadan qui est venu me trouver pour débattre avec lui est un Tariq Ramadan qui a exprimé oralement et par écrit son idée d’un islam européen acceptant la démocratie, la liberté des femmes et même l’apostasie, c’est-à-dire l’abandon de sa propre religion », a-t-il témoigné.

« Mes positions sont ultra-claires et on ne peut que les défigurer », a-t-il conclu, visant les détracteurs ayant réagi à sa tribune parue dans L’Obs.