Alain Juppé en mars 2017 à Bordeaux. / GEORGES GOBET / AFP

C’est une proximité qui provoque le débat. Alain Juppé a salué, vendredi lors d’une réunion publique, l’action du chef de l’Etat, Emmanuel Macron, suggérant l’idée d’un « grand mouvement central » en vue des élections européennes de 2019.

C’est devant l’Association de la presse diplomatique française que l’ex-premier ministre a esquissé cette idée, rapportée par plusieurs médias. M. Juppé a, en particulier, adressé un satisfecit au discours sur l’Europe prononcé il y a quelques semaines à la Sorbonne par le président de la République :

« J’aurais peu de choses à y changer, () c’est un bon discours qui trace des perspectives claires. »

« L’image de la France a changé »

M. Juppé s’est ainsi réjoui, en se référant à l’Europe, de « la crédibilité française retrouvée et d’une capacité d’initiative de la France qui s’était érodée dans la période précédente ». Il a, en particulier, apprécié l’expression de « bien commun » utilisée par M. Macron pour parler de la construction européenne dans son discours.

Depuis l’élection de M. Macron il y a six mois, « il y a une forme de crédibilité retrouvée. L’image de la France a changé », veut croire M. Juppé, très proche du premier ministre, Edouard Philippe.

M. Juppé, ministre des affaires étrangères à deux reprises, a également décerné un bon point à M. Macron pour sa visite jeudi soir en Arabie saoudite, destinée à faire baisser la tension avec l’Iran. « Il est bon que le président mouille sa chemise pour jouer un rôle de médiateur », a-t-il dit.

Une « erreur »

Mais ce concert de louanges de la part de celui qui fut un temps pressenti comme le candidat de la droite à l’élection présidentielle n’a pas été apprécié au sein du parti les Républicains, qui doit élire dans un mois un nouveau président.

Grand favori de cette élection interne, Laurent Wauquiez a ainsi jugé sur France 3 que cette idée était une « erreur »« Nous ne partageons pas la même vision de l’Europe qu’Emmanuel Macron », en particulier sur l’élargissement éventuel de l’Union européenne, a expliqué Laurent Wauquiez. « C’est une profonde erreur, car l’élargissement a tué l’Europe », a prévenu M. Wauquiez, ancien ministre des affaires européennes.

Valérie Pécresse, présidente LR de la région Ile-de-France, a, elle aussi, pris ses distances avec M. Juppé, qu’elle soutenait pourtant à la primaire de la droite en 2016. « Des pro-Européens, il y en a toujours eu à gauche et à droite. François Mitterrand était pro-Européen, je n’ai jamais voté pour une liste socialiste » aux européennes, a-t-elle souligné au « Grand Rendez-vous CNews - Europe 1 - Les Echos ».

Dimanche après-midi, Alain Juppé a nettement atténué son propos en tweetant : « Liste commune avec E. Macron aux européennes ? On n’en est pas là. » « Fausse nouvelle une fois de plus ! », s’est-il emporté.