Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s’adresse à ses partisans, à Beyrouth, le 10 novembre. / AZIZ TAHER / REUTERS

Depuis l’annonce par Saad Hariri de sa démission, le 4 septembre, la ligne de conduite du Hezbollah n’a pas varié. Le mouvement chiite libanais fait tout ce qu’il peut pour accréditer la thèse d’une manipulation saoudienne, vider la décision du premier ministre de toute validité et le forcer à reprendre ses fonctions.

Dans les deux discours qu’il a prononcés les 5 et 10 novembre, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a dénoncé « l’ingérence » du royaume saoudien dans les affaires libanaises et appelé ses partisans au calme. Il a défendu l’accord de gouvernement signé avec son rival sunnite, garant selon lui de « stabilité », et a rejeté toute solution alternative, notamment la formation d’une équipe de technocrates, qui entérinerait, à ses yeux, le coup de force saoudien.

Cette position est la conséquence logique du rôle dominant qu’occupe le Hezbollah au sein de la coalition gouvernementale. « Nasrallah n’a aucune raison d’aller au clash, car il pèse sur les décisions du gouvernement », témoigne un ministre du Courant du futur, la formation du premier ministre démissionnaire Saad Hariri, soulignant l’ironie de la situation présente. « Tous ces gens qui crient pour que le premier ministre revienne à Beyrouth espéraient en 2011 [lors du départ pour l’étranger de M. Hariri, après une première expérience à la tête du gouvernement ] qu’il ne remettrait plus jamais les pieds au Liban », ajoute-t-il.

« Accusation ridicule »

Pour parvenir à ses fins, le Hezbollah table sur deux réalités politiques incontournables : le fait qu’aucune personnalité sunnite modérée n’est susceptible d’obtenir le feu vert de l’Arabie saoudite pour remplacer M. Hariri aussi longtemps qu’elle campe sur une ligne dure ; et le fait que la candidature d’un sunnite pro-Hezbollah ne passerait pas, compte tenu de l’équilibre des forces au Parlement.

« L’hypothèse la plus probable, c’est celle d’une renégociation avec M. Hariri », fait valoir le politologue Karim Emile Bitar. Pour qu’une telle manœuvre réussisse, il faudrait cependant que le Hezbollah consente à faire un geste. Dans son interview à la télévision libanaise, le chef du Courant du futur a particulièrement dénoncé la présence supposée de cadres militaires du mouvement chiite au Yémen, un dossier que Riyad semble vouloir mettre en avant.

« Accusation ridicule, rétorque d’avance Walid Charara, un analyste proche de la formation chiite. Les rebelles houthistes n’ont besoin de personne pour fabriquer un missile. Les Saoudiens cherchent juste à accumuler des arguments pour convaincre les Américains et les Israéliens de se lancer dans une nouvelle guerre contre le Hezbollah. »