Le directeur général de CGG, Jean-Georges Malcor, à Paris, le 24 septembre 2012. / ERIC PIERMONT / AFP

L’assemblée générale extraordinaire du parapétrolier CGG a approuvé, lundi 13 novembre, le plan de restructuration financière, malgré le refus de certains actionnaires. En grande difficulté depuis la baisse des cours du pétrole en 2014, qui a entraîné une forte réduction des investissements de compagnies pétrolières, l’ex-Compagnie générale de géophysique devra franchir une autre étape importante, le 20 novembre : l’examen par le tribunal de commerce de Paris de ce plan, mais aussi du recours de certains actionnaires hostiles aux mesures présentées par le directeur général de CGG, Jean-Georges Malcor. L’entreprise est déjà passée sous la protection du « chapter 11 » (loi sur les faillites) aux Etats Unis.

Le plan prévoit une restructuration de la dette (2,4 milliards d’euros) par sa conversion massive en actions, et une levée de fonds pouvant aller jusqu’à 420 millions. Il se traduira par « une réduction de plus de 2 milliards de dollars de dette nette » et permettra de « doter la société des liquidités nécessaires pour accompagner son retournement, tout en permettant aux actionnaires d’y être associés », avait souligné M. Malcor avant l’assemblée générale.

Les actionnaires actuels seront dilués. Notamment Bpifrance, la banque publique d’investissement, qui détient 10,8 % des droits de vote, et le fonds de gestion d’actifs DNCA, autre gros actionnaire créancier de CGG. Au terme de l’opération, ce sont les fonds spéculatifs anglo-saxons (hedge funds) qui seront maîtres à bord, même si l’Etat français restera présent au conseil à travers Bpifrance.

« Redonner des perspectives à moyen terme à l’entreprise »

La direction actuelle n’a pu obtenir que des garanties temporaires, comme la sauvegarde des emplois en France jusqu’à la fin de 2019 et des centres de décision dans l’Hexagone jusqu’à fin 2022. « Un moindre mal », pour la CFDT, qui espère que le plan « permettra de redonner des perspectives à moyen terme à l’entreprise ». Celle-ci escompte une reprise des dépenses d’exploration des compagnies pétrolières à la faveur de la remontée des cours du baril de brent de la mer du Nord, qui s’échange désormais à 63 dollars sur le marché londonien.

Le plan suit une restructuration de l’activité au cours des trois dernières années : suppression de près de la moitié des effectifs, qui sont tombés à moins de 6 000 salariés (dont 1 600 en France) ; cession d’une grande partie de la flotte de navires d’exploration sismique, très coûteuse quand elle est immobilisée ; augmentation de capital de 350 millions d’euros début 2016.

Elle a permis de sauver temporairement l’entreprise, qui vend des équipements et travaille dans l’acquisition et l’interprétation de données pour le secteur pétrolier, à terre et surtout en mer. Au fil des décennies, CGG a accumulé un patrimoine en géosciences qui est vendu aux compagnies pétrolières pour la découverte et l’exploitation des réserves d’hydrocarbures.

Consolidation du secteur

La restructuration opérationnelle n’a pas suffi et le groupe reste sur le fil du rasoir. Quelques heures avant l’assemblée générale, il a annoncé une perte nette de 124,4 millions de dollars (107 millions d’euros) au troisième trimestre (contre 87,9 millions un an plus tôt) et de 438 millions (contre 294 millions de dollars) sur neuf mois.

Les perspectives d’avenir ne sont pas brillantes. Les dirigeants de CGG s’attendent à un niveau d’excédent brut d’exploitation (Ebitda) « très similaire à celui de 2016, mais avec néanmoins une génération de cash en retrait ». M. Malcor constate que « le marché des géosciences reste difficile », tout en soulignant « la forte mobilisation des équipes, la performance opérationnelle dans les différentes activités et le bon positionnement stratégique de la bibliothèque de données multi-clients ».

En moins de deux ans, une bonne partie du patrimoine parapétrolier français est passée sous pavillon étranger à la faveur de la vague de consolidation du secteur. Technip, qui souhaitait acquérir CGG fin 2014, a fusionné avec l’américain FMC Technologies en 2016, laissant partir la direction générale du nouveau groupe à Houston (Texas). Alors ministre de l’économie, Emmanuel Macron avait laissé les acteurs s’entendre, sans chercher une éventuelle solution franco-française.