« École de commerce : post-bac ou post-prépa ? » : C’est le thème d’une des premières conférences du salon des grandes écoles du Monde, samedi 11 novembre à la Cité de la Mode et du Design à Paris. Comme sur les stands et dans les allées, il est difficile de se trouver une place, entre les nombreux jeunes présents, souvent accompagnés de leurs parents.

Le public s’interroge sur les bachelors, programmes en trois au quatre ans après le bac, que la plupart des écoles de commerce proposent désormais, à côté de leur programme grande école (bac +5), majoritairement accessibles après une classe prépa. « Nous qui avons 50 ans, nous ne comprenons pas les tenants et les aboutissants du Bachelor ; comment nous l’expliquer ? », interroge une mère. « Le Bachelor nous vient du système scolaire anglo-saxon, où il dure d’ordinaire 4 ans », même si sa déclinaison « franco-française » se déroule plus souvent en trois ans, comme une licence, explique Damien Auffret, directeur du développement de Kedge Business School. Jacques Chaniol, directeur du Global BBA de l’EM Lyon, explique qu’en France, le Bachelor n’est connu du grand public que depuis peu, à la différence des classes prépas, alors qu’à l’international, ce terme désigne tout diplôme de premier cycle.

Selon lui, le choix se fait selon « l’envie du candidat de mettre les mains dans le cambouis » tout de suite, auquel cas mieux vaut s’orienter vers un Bachelor, ou seulement plus tard, ce qui incite à choisir une classe préparatoire. Il appelle à se poser la question de « comment on va étudier avant de ce que l’on va étudier » : le bachelor est moins théorique et davantage professionnalisant. En bachelor, exlique M. Chaniol, « la salle de cours n’ est plus l’élément pédagogique essentiel, c’est moins classique et moins traditionnel ». Alors qu’une classe prépa « agira comme une sorte de sas ». Pour ceux qui choisiraient un bachelor, il est essentiel de vérifier qu’il a bien reçu un visa de l’Etat : en effet, seuls ceux qui sont « visés » donnent un niveau licence et permettent d’intégrer ensuite un master, le plus souvent spécialisé.

Mais quelles portes ouvre ce Bachelor que les écoles mettent en avant ? Celles du marché du travail, rappellent les différents intervenants. Il n’empêche, souligne Jacques Chaniol, 45 % de ses diplômés font le choix de poursuivre leurs études. Le bachelor n’est cependant pas une première marche pour le diplôme grande école (de grade master) de l’EM Lyon, pas plus qu’à l’ESCP Europe, même si une passerelle est parfois possible. À l’ESCP Europe, le Bachelor proposé par l’école est très intensif et regroupe près de 40 nationalités ; orienté vers l’international, il constitue, selon Léon Laulusa, directeur académique de l’école, un tremplin vers de grandes universités à l’international, telles que Princeton.

Dans la salle, le public s’intéresse beaucoup aux programmes grandes écoles des écoles de commerce, de niveau master (bac+5), et aux moyens d’y accéder. Les grandes écoles de commerce recrutent surtout après la prépa mais accueillent aussi des étudiants en admission parallèle. Ces étudiants seront-ils pénalisés, ensuite, à diplôme égal, sur le marché du travail ? « À l’issue des études, il est impossible de dire qui a fait ou n’a pas fait de prépa. D’un point de vue individuel cependant, la prépa permet une réflexion plus structurée et pragmatique », répond Damien Auffret, de Kedge Business school. « Si on veut être PDG du CAC 40 il vaut quand même mieux faire une prépa », lance cependant Leon Laulusa, côté ESCP Europe.

Si l’élève choisit de ne pas faire une prépa, il devra veiller à « se maintenir dans les clous pour ne pas devenir un super-technicien », ajoute Olivier Guillet, directeur exécutif de l’École du management de l’innovation de Sciences Po, laquelle regroupe depuis la rentrée les masters de management de l’IEP parisien. On accède à ces masters après un premier cycle -mais aussi trois ans de classes préparatoires -, ce qui en fait une nouvelle voie d’accès à un nouveau type de business school, plus orienté sur les sciences sociales.

Eric Le Deley, directeur d’IGS-RH, met enfin en lumière la différence entre les écoles de commerce : « Si elles enseignent toutes la même chose, la pédagogie cependant diffère selon les critères du professeur qu’on a en face de soi, de l’espace d’enseignement physique et virtuel et du temps alloué aux différentes matières ». Selon l’affinité du candidat, ces critères l’aiguilleront vers l’école qui lui correspond.

À la sortie de la conférence, Larbi, élève de Terminale S, explique que son choix s’est déjà porté sur l’ESCP ou HEC. Il se sent « prêt à bosser » et même si son champ de prédilection est les sciences, il tient « à une culture générale élevée ». Le futur étudiant ne voudrait pas choisir, en effet, « une carrière d’ingénieur pur et dur ». Valérie, venue avec sa fille Léa, 17 ans, veut l’accompagner dans ses choix. La mère, comme sa fille, s’inquiètent du « climat d’incertitudes dans le monde du travail », avec l’idée qu’en intégrant une grande école, plutôt de commerce, l’avenir sera assuré.

Clémence Millet-Carayol