Le ministre américain de la justice, Jeff Sessions, pendant une audition devant la commission des affaires judiciaires de la Chambre des représentants, mardi 14 novembre. / YURI GRIPAS / REUTERS

Le ministre américain de la justice, Jeff Sessions, a assuré mardi 14 novembre vouloir une décision « rapide » sur la nomination d’un procureur spécial pour enquêter sur Hillary Clinton. Une requête de longue date du président Donald Trump, lui-même enlisé dans l’affaire russe.

« Vous pouvez être certain que [cette décision] sera prise sans influence politique, correctement et de manière appropriée », a déclaré Jeff Sessions pendant une audition devant la commission des affaires judiciaires de la Chambre des représentants.

Donald Trump a réclamé à de nombreuses reprises que son ancienne adversaire à l’élection présidentielle Hillary Clinton soit poursuivie en justice, allant même jusqu’à reprocher à son ministre de la justice son inaction en la matière.

Procureur spécial

Dans une lettre adressée à la commission des affaires judiciaires de la Chambre – et publié lundi par plusieurs médias américains –, le ministère de la justice assurait que des procureurs fédéraux sont en train d’examiner l’opportunité de nommer un procureur spécial pour se pencher, en particulier, sur la Fondation Clinton ou sur l’utilisation par Hillary Clinton d’un serveur privé de messagerie électronique quand elle était secrétaire d’Etat de Barack Obama.

Le ministère de la justice s’intéresse aussi à la vente de la société canadienne Uranium One, détenant des mines américaines, au groupe public russe Rosatom en 2010. Donald Trump a accusé Mme Clinton de collusion avec la Russie dans cette transaction.

La nomination d’un procureur spécial pour enquêter sur la rivale vaincue de Donald Trump serait de nature « à précipiter la fin du ministère de la justice en tant qu’institution indépendante », s’est alarmé sur Twitter l’élu démocrate Adam Schiff, membre de la commission du renseignement de la Chambre.

L’opposition démocrate accuse la Maison Blanche de vouloir allumer des contre-feux à l’affaire des liens présumés entre la Russie et la campagne Trump.

L’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l’affaire russe a déjà conduit à la mise en cause de trois anciens collaborateurs de Donald Trump pendant la campagne présidentielle, Paul Manafort, Richard Gates et George Papadopoulos.

Ce dernier a plaidé coupable d’avoir menti aux enquêteurs de la police fédérale (FBI). Mais il coopère désormais avec les enquêteurs et a reconnu avoir voulu servir d’intermédiaire entre des responsables russes et la campagne de Trump, à laquelle il participait en tant que conseiller sur les affaires étrangères, une équipe alors dirigée par Jeff Sessions.

« J’ai toujours dit la vérité »

Questionné à ce sujet, Jeff Sessions a reconnu avoir participé à une réunion présidée par Donald Trump, le 31 mars 2016, en présence de George Papadopoulos, tout en affirmant ne « pas avoir de souvenirs clairs » sur le contenu des discussions. Lors de cette réunion, M. Papadopoulos s’était targué de pouvoir organiser une rencontre entre le président russe, Vladimir Poutine, et le candidat républicain.

« Après avoir pris connaissance de son témoignage (…), je crois que j’ai voulu lui dire très clairement qu’il n’était pas autorisé à représenter la campagne auprès du gouvernement russe, ou de quelque autre gouvernement que ce soit », s’est défendu Jeff Sessions. « J’ai toujours dit la vérité », a-t-il ajouté.

Lors de son audition de confirmation au Sénat, Jeff Sessions avait affirmé n’avoir eu aucun contact avec des responsables russes durant la campagne. Il avait par la suite reconnu avoir eu des échanges avec l’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis, ce qui l’avait forcé à se récuser pour la supervision de l’enquête russe, confiée à Robert Mueller.