Des policiers devant la Cour suprême alors que s’y joue l’avenir du CNRP, la principale force d’opposition au premier ministre Hun Sen. / SAMRANG PRING / REUTERS

A Phnom Penh, les alentours de la Cour suprême sont bouclés jeudi 16 novembre. La juridiction doit se prononcer dans la journée sur la dissolution du principal parti d’opposition alors que les élections législatives approchent et la tension, palpable depuis des mois, continue de monter.

Les défenseurs des droits de l’homme, comme l’organisation Human Rights Watch (HRW), reprochent au premier ministre Hun Sen, en place depuis 19 ans, de vouloir se débarrasser de ses opposants dans l’optique des élections en juillet 2018. Début septembre, Kem Sokha, président du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP), a été mis en examen pour « trahison et espionnage », passibles de 30 ans de prison. Depuis son arrestation, plus de la moitié des parlementaires du parti ont fui à l’étranger.

Le CNRP accusé de conspiration

Hun Sen a donné la semaine dernière aux députés du CNRP une dernière chance de se rallier à ses troupes. Un seul a accepté de jouer les transfuges. Le pouvoir accuse le CNRP de fomenter une révolution. Plus de 100 politiciens du parti pourraient être bannis de leurs fonctions pendant cinq ans par la Cour suprême. Mu Sochua, qui s’est exilée en octobre pour échapper à une arrestation, estime qu’une dissolution annoncerait « la fin de la véritable démocratie au Cambodge », ajoutant que « les élections de 2018 n’auront aucun sens sans le CNRP ».

A la veille du procès, HRW a exhorté les juges à « résister aux pressions du gouvernement ». Brad Adams, le directeur de HRW en Asie affirme que la Cour suprême « a une chance historique de faire preuve d’indépendance et de respecter la primauté du droit ».

Ces dernières années, le Cambodge est devenu l’une des économies les plus performantes d’Asie du Sud-Est. Mais la colère monte parmi la population et surtout les jeunes, lassés de la corruption et de l’accaparement des richesses par une élite proche de Hun Sen.