Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, et le premier ministre démissionnaire du Liban, Saad Hariri, le 16 novembre 2017. / RANIA SANJAR / AFP

L’essentiel

  • Le 4 novembre, Saad Hariri, alors en Arabie saoudite, annonce sa démission, dans une déclaration retransmise par Al-Arabiya, chaîne à capitaux saoudiens. Le premier ministre libanais accuse alors le Hezbollah et son allié iranien de « mainmise » sur le Liban et dit craindre pour sa vie. Dès le lendemain, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, accuse l’Arabie saoudite d’avoir contraint Saad Hariri à la démission.
  • M. Hariri annonce le 12 novembre qu’il va « très bientôt » rentrer dans son pays. Le même jour, le président libanais accuse l’Arabie saoudite de restreindre la liberté de son premier ministre.
  • Mercredi 15 novembre, Emmanuel Macron annonce avoir « invité » le premier ministre libanais « avec sa famille » en France, ce que ce dernier a accepté jeudi. Il devrait arriver à Paris samedi.

La phrase du jour

Le ministre des affaires étrangères saoudien, Adel Al-Jubeir, est le premier responsable saoudien de ce rang à clarifier publiquement le statut du premier ministre démissionnaire :

« Hariri est un citoyen saoudien et un citoyen libanais et, en tant que tel, on ne peut pas le retenir, ce sont des allégations mensongères. »

Un drame en quatre actes

Acte I : la surprise

L’annonce, le 4 novembre, de la démission du premier ministre libanais, Saad Hariri, a pris de court la classe politique libanaise et l’ensemble de la communauté internationale, faisant craindre une escalade des tensions entre Riyad et Téhéran, les deux poids lourds de la région.

Acte II : l’explication

Saad Hariri accuse Téhéran d’avoir « créé un Etat dans l’Etat ». L’Iran a rejeté ces accusations « sans fondement ». Alors que les spéculations sur sa démission surprise vont bon train, « j’ai écrit ma démission de ma main, et j’ai voulu provoquer un choc positif », explique le premier ministre démissionnaire lors d’un entretien avec sa chaîne de télévision libanaise, Future TV, le 12 novembre.

Acte III : la réaction

Après de premières accusations, dimanche 12 novembre, le président libanais, Michel Aoun durcit le ton contre Riyad, l’accusant de « détenir » le dirigeant démissionnaire. « Nous le considérons comme en captivité et détenu », dit-il, le 15 novembre. Le président libanais a été élu en 2016 grâce au soutien massif du puissant Hezbollah, allié de l’Iran chiite, grand rival régional de l’Arabie saoudite sunnite. M. Hariri, un protégé de Riyad, avait ensuite formé son gouvernement avec le Hezbollah à la suite d’un compromis.

M. Aoun qualifie la « détention » de M. Hariri par l’Arabie saoudite d’« acte hostile » qui porte préjudice à la dignité et à la souveraineté du Liban. Elle constitue, selon lui, une violation de la convention de Vienne et de la déclaration des droits de l’homme. Michel Aoun a fait savoir qu’il ne prendrait acte de la démission du premier ministre que si elle était présentée à Beyrouth conformément aux usages constitutionnels.

Acte IV : la porte de sortie

La proposition française de faire venir à Paris M. Hariri et sa famille a fait baisser la tension d’un cran. Dépêché en Arabie saoudite, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, annonce le 16 novembre que Saad Hariri a « accepté l’invitation » de la France. Son homologue saoudien, Adel Al-Jubeir, fait savoir peu après que le premier ministre libanais démissionnaire « est ici de sa propre volonté » et libre de quitter Riyad « quand il veut ». « Nous ne le retenons pas, les accusations de Michel Aoun sont infondées. » Le président libanais assure que Saad Hariri sera samedi à Paris, avant de regagner Beyrouth.

Le tweet

La photo

Dans les rues de la capitale libanaise, Beyrouth, des portraits de Saad Hariri ont fleuri portant la mention « #NousSommesTousAvecToi ».

Dans les rues de Beyrouth, le 14 novembre 2017. / JAMAL SAIDI / REUTERS