Une Porsche 909 Hybrid franchissant la ligne d’arrivée à damier d’une course d’endurance : image du passé dès le 19 novembre 2017. / WEC

Sans remords mais en laissant derrière lui beaucoup de questions, le constructeur allemand Porsche disputera samedi, aux Six heures de Bahreïn, sa dernière course dans la catégorie reine du championnat du monde d’endurance (WEC), les prototypes hybrides (LMP1).

Sacré champion en 1998, revenu en 2015 pour gagner trois saisons de suite, Porsche n’a plus rien à prouver en LMP1, une catégorie qui avait déjà perdu beaucoup de son sens avec seulement deux Toyota et deux Porsche au départ de chaque course depuis le retrait d’Audi à la fin de 2016.

L’Hybride #8 Toyota termine en tête la deuxième séance d’essais libres des 6 Heures de Bahreïn, le 16 novembre. | LAURENT CHAUVEAU / WEC

L’occasion pour le constructeur japonais d’enfin remporter une course dans le championnat d’endurance, Toyota se cassant les dents sur les 24 Heures du Mans et ses petites sœurs depuis dix-sept ans. Mais la firme japonaise vaincra sans péril.

Touchés financièrement par le Dieselgate, les constructeurs allemands ont dû revoir leur positionnement, d’où la participation annoncée de Porsche au championnat du monde de formule E électrique en 2019. Un championnat qui, à l’inverse du WEC, attire de plus en plus de constructeurs.

Les pilotes sont naturellement, avec les techniciens et les mécaniciens, ceux qui expriment le plus de regrets. Regroupés par trois en LMP1 ou LMP2 (prototypes de catégorie inférieure), ils se relaient lors des courses de six, douze ou vingt-quatre heures.

En terminant deuxième des 6 Heures de Shanghaï, le trio Earl Bamber-Timo Bernhard-Brendon Hartley s’est assuré le titre des pilotes dès le 4 novembre, et Porsche celui des constructeurs. « Bahreïn sera émouvant pour nous tous, a prévenu Brendon Hartley, interrogé par le site spécialisé AutoHebdo. Il y aura beaucoup de tristesse. » Même si le Néo-Zélandais de 28 ans, champion d’endurance 2015 et 2017, n’est pas inquiet pour son avenir, puisqu’il disposera d’un volant en formule 1 la saison prochaine, au sein de l’écurie Toro Rosso.

Son compatriote Earl Bamber, quant à lui, passera en catégorie GT, catégorie dans laquelle Porsche reste en lice au moins jusqu’en 2019. « Aujourd’hui, l’endurance traverse une passe plus compliquée, concède le champion du monde. Mais je suis persuadé que les constructeurs reviendront. »

Deuxième des 6 Heures de Shanghaï, le 5 novembre, les pilotes Earl Bamber, Timo Bernhard et Brendon Hartley assurent leur titre de champions des pilotes WEC 2017. | WEC

La complexité du championnat du monde, rassemblant quatre catégories (LMP1, LMP2, GTPro GTAm), et le coût trop élevé des LMP1 dont la technicité et l’investissement se rapprochent de plus en plus de la formule 1, des « Six heures » qui peinent à trouver leur public sont autant de facteurs ayant fini par décourager les constructeurs.

Pour continuer d’exister, le WEC doit être repensé. Dans l’urgence, son directeur, Gérard Neveu, a annoncé en septembre la création d’une « supersaison » d’endurance 2018-2019 de 8 courses en dix-huit mois avec, en ouverture et en clôture, les 24 Heures du Mans. Parallèlement, le WEC a mené une enquête auprès des amateurs pour recueillir leurs préconisations sur le fonctionnement du championnat.

Parmi les réflexions en cours, celle d’évoluer vers une carrosserie plus proche des voitures de tourisme, a retenu l’attention de Zak Brown, directeur de McLaren F1.

Le groupe britannique a déjà laissé entendre qu’il était intéressé par un retour aux 24 Heures du Mans dès 2018, son pilote de formule 1 Fernando Alonso s’étant mis en tête de remporter la triple couronne : Grand Prix de Monaco de F1, 24 Heures du Mans et 500 miles d’Indianapolis. Le double champion du monde espagnol devrait d’ailleurs tester une Toyota lors d’essais à Bahreïn, dimanche 19 novembre.