Antonio Ledezma a fait escale à Bogota en Colombie avant de partir en direction de l’Europe. / JAIME SALDARRIAGA / REUTERS

La première étape a été Bogota en Colombie. Antonio Ledezma s’est ensuite envolé pour Madrid dans l’après-midi du vendredi 17 novembre. Le maire de Caracas, figure de l’opposition vénézuélienne, a fui son pays où il se trouvait en résidence surveillée, accusé de conspiration contre le gouvernement de Nicolas Maduro. « Moi je ne veux pas être l’otage d’une tyrannie, que l’on m’utilise pour faire plier l’opposition », a-t-il déclaré.

L’avocat de 62 ans rejoint sa femme dans la capitale espagnole. « Ma voix se joint au chœur des Vénézuéliens qui ont demandé de l’aide à la Colombie », a déclaré vendredi matin M. Ledezma aux journalistes à Cucuta, ville frontalière avec le Venezuela.

« Maduro ne peut pas continuer à torturer le peuple du Venezuela, (qu’il est) est en train d’affamer à mort », a-t-il lancé l’élu, demandant au président vénézuélien de s’écarter pour laisser s’installer un gouvernement de transition. Le pays traverse depuis plusieurs mois une profonde crise politique, économique et humanitaire.

Les services secrets devant son domicile

Le maire de Caracas a échappé à la surveillance des services secrets postés devant son domicile dans l’est de la capitale. Il a rejoint la Colombie par voie terrestre. Plusieurs magistrats vénézuéliens destitués et menacés de poursuites ont trouvé refuge ces derniers mois en Colombie, notamment l’ex-procureure générale Luisa Ortega, et au Chili.

M. Maduro a réagi avec ironie à cette fuite vers Madrid. « Aujourd’hui s’est échappé Antonio Ledezma (…) il est parti sous protection vivre la grande vie en Espagne, boire du vin sur la Gran Via. Qu’ils le gardent ».

M. Ledezma est un vétéran de la politique formé au sein du parti Action démocratique (social-démocrate), formation la plus puissante du pays jusqu’à l’arrivée de Hugo Chavez au pouvoir en 1999. Marié et père de trois enfants, il a été député, gouverneur, sénateur avant d’être élu maire de la capitale en 2009 puis réélu en 2013.

« Référent moral du Venezuela »

Il avait été brutalement interpellé en février 2015 dans ses bureaux par plusieurs dizaines d’agents des services secrets armés, portant cagoules et gilets pare-balles. Le parquet a réclamé 16 ans de prison à l’encontre d’un homme accusé de complot contre le président et d’association de malfaiteurs.

Le secrétaire de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, a envoyé via Twitter son « salut à Antonio Ledezma, référent moral du Venezuela, désormais libre pour mener la lutte depuis l’exil afin d’instaurer un système démocratique dans son pays ».