La cigarette au cinéma devrait avoir encore un peu de répit. La ministre de la santé, Agnès Buzyn, dont une phrase prononcée jeudi 16 novembre avait fait resurgir le spectre d’une interdiction de la cigarette au cinéma, a assuré mardi 21 novembre, dans un tweet, n’avoir jamais « évoqué l’interdiction de la cigarette au cinéma ni dans aucune autre œuvre artistique ».

Les premières déclarations proviennent de la sénatrice (PS) de la Sarthe, Nadine Grelet-Certenais, qui avait déclaré en séance, jeudi 16 novembre, que la représentation du tabac dans le cinéma français participait « peu ou prou à banaliser l’usage, si ce n’est à le promouvoir, auprès des enfants et des adolescents ». Agnès Buzyn avait alors réagi à ces propos, annonçant « rejoindre totalement » la sénatrice tout en promettant « une action ferme ».

« Cette polémique n’a donc pas lieu d’être »

Des déclarations qui n’avaient pas manqué de provoquer une polémique, le monde du cinéma rejetant vigoureusement l’hypothèse d’une interdiction du tabac dans les films au nom de la liberté d’expression.

Les propos de la ministre de la santé se veulent désormais apaisants. « La liberté de création doit être garantie. La sénatrice à laquelle je répondais jeudi dernier ne le proposait pas non plus. Cette polémique n’a donc pas lieu d’être », explique-t-elle dans son tweet mardi.

« Ça nous rassure que [la ministre] rappelle le principe de liberté de création », s’est réjoui Mathieu Debusschère, délégué général de l’ARP (auteurs, réalisateurs et producteurs), dans l’attente d’en savoir plus sur les projets précis du gouvernement.

Du côté de l’Union des producteurs de cinéma, on assure qu’« un film n’est pas là pour refléter la société telle que l’Etat voudrait qu’elle soit ». « C’est une réalité, beaucoup de gens fument », poursuit Frédéric Goldsmith, délégué général de l’Union des producteurs de cinéma (UPC), qui fédère plus de 200 d’entre eux. Interrogé par l’Agence France-Presse, il estime que la lutte contre le tabagisme « ne peut pas passer par une atteinte à la liberté de création ».

Tati sans sa pipe

D’après une étude Ipsos, le cinéma français est sensible à l’attrait de la cigarette, alors que le placement de tabac est interdit par la loi Evin. Entre 2005 et 2010, 80 % des films français les plus vus montraient des objets liés au tabac et il y a « une tendance du cinéma français à banaliser l’acte de fumer », selon ce rapport.

Ce n’est pas la première fois que surgit l’idée de bannir la cigarette du cinéma. En 2009, la régie publicitaire de la RATP avait supprimé la pipe figurant sur l’affiche d’une exposition consacrée à Jacques Tati et refusé l’affiche de « Coco avant Chanel » où l’actrice Audrey Tautou fumait. En 2015, la députée socialiste Michèle Delaunay dénonçait déjà la présence du tabac sur le grand écran.