Un migrant raconte : « En Libye, nous ne sommes que des esclaves »
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Le président du Niger Mahamadou Issoufou a appelé, dans la soirée du lundi 20 novembre, la Cour pénale internationale (CPI) à « se saisir du dossier » sur la vente de migrants africains comme esclaves en Libye. « L’esclavage est un crime contre l’humanité », a déclaré à la radio nationale le dirigeant, de retour de Bonn, en Allemagne, où il a assisté à la COP23.

M. Issoufou a de nouveau condamné cette « pratique ignoble », en assurant que son pays prenait « très au sérieux cette question » et s’engageait « à apporter sa contribution pour y mettre fin ».

« Nous n’avons plus le droit de faire comme si nous ne voyions rien, nous n’avons plus le droit de détourner les regards, nous avons le devoir de nous attaquer aux causes profondes de cette tragédie. »

« Faire cesser cette ignominie »

Mahamadou Issoufou, qui s’était déjà « indigné » jeudi de la vente aux enchères de migrants-esclaves en Libye, a demandé à ce que le sujet soit mis à l’ordre du jour du sommet entre l’Union Africaine et l’Union Européenne, prévu à Abidjan, en Côte d’Ivoire, les 29 et 30 novembre.

L’ambassadeur du pays à Niamey a d’ailleurs été convoqué dimanche par les autorités nigériennes. Le ministre des affaires étrangères Ibrahim Yacoubou a ajouté, sur son compte Twitter, avoir notifié au diplomate libyen que « tout doit être mis en œuvre pour faire cesser cette ignominie » dont les auteurs doivent être « sanctionnés ».

« Nous les Libyens, nous avons été choqués autant que vous, nous n’avons pas assez de mots pour qualifier de tels actes, de tels agissements », a déclaré pour sa part l’ambassadeur de Libye au Niger sur une télévision privée. Ce dernier a accusé « des réseaux criminels qui n’ont pas de religion, pas de couleur, pas de nationalité » d’être à l’origine de ces méfaits.

Plaque tournante du trafic d’êtres humains

Plusieurs ONG ont également condamné la vente de migrants en Libye, Etat voisin du Niger. Porte du Sahara, Agadez, plus grande ville du nord du pays est une plaque tournante du trafic d’êtres humains voulant gagner l’Europe.

Le durcissement des mesures législatives et des contrôles sécuritaires aux frontières, avec l’aide de l’UE, ne semblent pas décourager migrants et passeurs. En début de semaine, un groupe de 25 personnes originaires d’Erythrée, d’Ethiopie et du Soudan, coincés en Libye dans une situation très vulnérable, sont arrivés à Niamey après avoir été évacués par les Nations unies.